Mais qu'est-ce?

Histoire histrionique est un blog avec lequel j’aborde diverses anecdotes historiques d’une façon… D’une certaine façon en tout cas. En général, les faits présentés devraient être véritables. En revanche, j'hésiterais à utiliser ce blog comme référence pour votre thèse.

5.10.09

Jeu controversé?

La petite compagnie américaine «Tripwire Interactive» a annoncé qu’elle allait mettre sur le marché un jeu de tir «à la première personne» (vu de la perspective du personnage, comme dans Doom) dont l’environnement est la Deuxième Guerre mondiale. Jusque-là, rien de très intéressant : pour les «gamers», les jeux basés sur la Deuxième Guerre mondiale sont presque rendus un running-gag tellement il y en a. (Call of Duty, Medal of Honour, Battlefield 1942, Company of Heroes, Day of Defeat, Hearts of Iron, etc etc etc.).

Jamais assez de nazis morts! JAMAIS!

Le gros bouleversement que créer «Red Orchestra 2 : Heroes of Stalingrad» de la compagnie Tripwire Interactive, c’est que c’est probablement la première fois où un jeu de tir à la première personne, où vous jouez le rôle d’un homme avec un fusil qui tire sur des gens, vous range du côté des Allemands. En effet, tous les jeux de tirs sur la Deuxième Guerre mondiale se passent du côté des alliés; on butte des boches quoi. C’est sûrement, en partie, une question liée au gros marché américain. Mais Tripwire Interactive se dit «ah pis let’s go avec les Allemands ».

En effet, ils n’ont pas poussé l’audace jusqu’à nous faire tirer sur des Américains, des Français ou des Britanniques. Je me disais qu’ils allaient peut-être au moins se permettre de trucider des Français, après tout, Tripwire est une compagnie américaine…

Je suis rapidement tombé sur des commentaires de gens qui s’insurgent contre le jeu Red Orchestra 2. «Jouer un nazi! QUELLE HORREUR! VOUS VOULEZ FAIRE UNE GÉNÉRATION DE NÉO-NAZIS!!!»… Ça me donne juste le goût de dire un gros «hey toi le gros cave, ta yeule !».

Je ne dis pas… Si le jeu s’était appelé «Adolf Hitler : The Game» ou bien «SS Waffen Hero ; let’s kill some jews», là, j’aurais peut-être compris l’indignation. Mais dans le cas présent, on joue un «sans histoire» dans la Wermarcht, l’armée de terre Allemande. Un conscrit, probablement. On se fou vraiment le doigt dans l’œil si on ne sépare pas au moins un peu le nazisme de l’Allemagne.

Pierre Foglia a récemment écrit un article fort intéressant sur Berlin, ville qu’il a visitée (merci Yvon). Il parle dans cet article du «spectaculaire masochisme» de Berlin. Il y aurait multiplication des monuments commémoratifs des événements de 39-45. C’est un «guilt-trip» permanent, on doit se sentir coupable, 24 heures sur 24. On doit se souvenir, j’en conviens, mais sa conclusion est tellement vraie : on est *tous* coupables de la Deuxième Guerre mondiale. Et les Allemands n'ont pas le droit de dire ça.

Ce qui fait peur lorsqu’on regarde les images intenses de tout ce qui s’est passé, ce ne sont pas les nazis : c’est nous-mêmes. C’est nous-mêmes qu’on voit. On a peur du fait qu’apparemment, les humains soient capables de ça.

J’ai lu une grosse brique des années 50 sur cette guerre mondiale. L’auteur était un journaliste américain basé en Allemagne dans les années 30. Sa conclusion est que tout ça est arrivé parce que les Allemands étaient un peuple «carré», soumis, qui aimait écouter des ordres. Ne pensez-vous donc pas que cette conclusion est arriérée? J’appellerais ça raciste, personnellement. Déjà, on avait tellement peur de penser que n’importe quelle personne aurait pu se retrouver prise dans l’engrenage du nazisme, qu’il fallait se faire croire que les Allemands étaient apparemment génétiquement prédisposés à faire ce qu’ils ont fait.

Non, nous sommes tous coupables de ça. Et dans cette perspective-là, s’enrager à l’idée de jouer à la guerre dans la peau d’un conscrit Allemand se battant pour son pays, c’est hypocrite sans bon sens. Certains critiques disent que tout le monde savait et personne ne faisait quoi que ce soit. Ils se font croire que eux, personnellement, ils auraient fait quelque chose. Tellement trop facile à dire.

En plus…

Nous autres, dans nos belles démocraties, on ne va peut-être pas dans d’autres pays pour gazer du monde ou leur loger des balles dans le crâne… Mais… On choisit délibérément, tous les jours, de complètement ignorer des millions de personnes qui meurent de causes complètement absurdes. Vous et moi, on pourrait aider en achetant un billet d’avion demain et en donnant du temps et de l’argent. Mais non… On se sent tellement «impuissant et minuscule face à cette immense et horrible vérité». Il me semble que j’ai déjà entendu ça quelque part…

Je me demande comment l’Histoire va nous juger, nous, en l’an 2500.

15.9.09

C'est gluant

Le 15 janvier 1919, les soldats américains de retour de la Première guerre mondiale depuis à peine un ou deux mois et habitant la ville de Boston ont dû sursauter plus que les autres lorsqu’une énorme explosion a secoué la ville. Pris de peur, ils se sont peut-être jetés par terre et auront peut-être cherché, par la suite, la source de la déflagration. Ceux qui auront abandonné leur enquête apprendront, le lendemain, dans le journal…

Le nombre final officiel de morts : 21 (plus quelques chevaux).

Ce jour sera dorénavant connu comme étant le «Grand massacre à la mélasse de Boston». Les guides touristiques ont même inventé le fabuleux terme «Boston molassacre». Sérieusement, une «tinque» géante de 50 pieds de haut remplie de mélasse s’est éventrée et a déversé 8-9 millions de litres de mélasse dans les rues d’un quartier du nord du centre-ville de Boston ; une vague de mélasse de plus de 10 pieds dans le front, ça surprend.

Un témoin a décrit la scène; de la mélasse chaude avec des bulles, jusqu’à la taille, déferlant partout, des formes humaines gluantes essayant de se relever. Palpitant!

Flouche-te-flouche-te-flouche

J’imagine mal les derniers moments d’une victime. C’est comme être pris dans un sable mouvant gluant, comme un mauvais rêve où on n’est pas capable de courir parce qu’on est comme trop lourd ou paralysé. Un peu comme écouter les nouvelles à TVA finalement.

ARRRGH.

La mélasse était vraiment importante à l’époque. C’était l’édulcorant par excellence. Elle servait à tout, qu’on parle d’alcool (fermentation) ou de munitions. Faut avouer qu’aujourd’hui, à part votre grand-père qui trempe ses tranches de Gadoua pas de croûte dans la mélasse, y’a pas grand monde qui se garde de ce stuff gluant dans la pantry. Faudrait que je m’en rachète, juste pour le trip.

Ce genre de tragédie gastronomique n’est pas unique. Un peu plus d’un siècle auparavant, une inondation de bière a tué 9 personnes à Londres… Dont une est morte à cause d’un coma éthylique…

31.8.09

Surprise dans les alpes

Je tente à présent de diminuer de beaucoup la taille de mes chroniques. Ceci est le premier article qui souffrira ou bénéficiera (on verra) de ce traitement. Après tout, je m’étais donné comme mission de soulever une anecdote historique de façon un peu humoristique, et non pas de revomir toute l’histoire au complet; des centaines de textes à portée de clique peuvent le faire à ma place… En espérant que vous prendrez le temps si le sujet vous intéresse…

Jeu de rôle: c’est l’automne ou l’hiver en l’an 218 avant mon ami Jici (J.-C.), vous êtes un paysan romain vivant au nord de ce qui est aujourd’hui l’Italie, il neige un peu, il y a un brouillard froid caressant un fabuleux col dans les Alpes… Beau paysage. Qu'est-ce que vous pouvez vous attendre à voir arriver par le col vers votre vallée?

QUOI?!

Si vous avez répondu «une armée ennemie venant de traverser les ALPES avec des ÉLÉPHANTS de guerre AFRICAINS», et bien vous devez avouer que vous êtes mauvais acteur parce que vous avez vraiment mal joué votre rôle de paysan Romain. Vous ne pouvez pas vous attendre à voir des éléphants… Premièrement parce que vous ne savez peut-être même pas ce que c’est ou vous en avez entendu parler un peu de la même manière dont nous parlons des extra-terrestres aujourd’hui, et, deuxièmement, les mots ÉLÉPHANTS AFRICANS et ALPES ne devraient pas se trouver dans la même phrase.

C’est pourtant ce que Hannibal Barca (souvent simplement nommé «Hannibal») a décidé de faire. Hannibal était un politicien/général de Carthage. Carthage était une puissante Cité-État (un peu comme Rome) du nord de l’Afrique. Elle se trouve maintenant en Tunisie… Se trouve maintenant en Tunisie… Parce qu’avant elle se trouvait en où au juste? En Russie? Bravo Simon. Apparemment que la Tunisie, ça vaut la peine d’être visité. J’irais bien voir Carthage moi… Demain si possible.

Bon je viens d’aller voir sur Expedia et j’allais faire une blague sur l’impossibilité de mon plan, mais finalement il y a un vol demain pour Tunis avec escale à Casablanca au Maroc, aller-retour 1400$. Faque c’est ça. À+ la gang.

Bon bon bon, OK je vais essayer de finir ça au plus vite là…

Disons que l’époque où tout ça se déroulait était assez tendue dans la méditerranée parce que Rome était en train de répandre son hégémonie à grands coups de bâtons piquants. Carthage était une puissance similaire à Rome, et elle ne prenait pas ça trop bien. Hannibal était parti attaquer les possessions romaines avec cet historique là en tête. C’était la Deuxième Guerre punique dont il est pratiquement l’instigateur. Sa route fut fructueuse et il est l’un des pères fondateurs des stratégies de guerre. Un des stratèges les plus reconnus avec le Chinois Sun Tze et son «Art de la Guerre».

Le siège d’Hannibal sur Rome dura presque 10 ans, mais il dut se rendre à l’évidence et retourner chez lui… Les Romains le suivirent et gagnèrent une bataille importante en Afrique du Nord contre lui. Cette défaite vint vraiment réduire Carthage à une de ces entités importantes dans l’Histoire dont on se souvient peu aujourd’hui…

Ce qui est le plus intéressant pour moi dans cette histoire, c’est le genre de manque de communication qu’il y avait entre les armées et les gouvernements à cette époque. On s’entend qu’il n’y avait pas de radio satellite pour parler en direct avec ces généraux et pas d’avions-espions pour voir le mouvement des troupes alliées et ennemies. Hannibal avait une telle vendetta contre Rome qu’avec les années «sur la route» avec ses hommes, il en vint un peu à se détacher de Carthage elle-même. Je crois même qu’à un moment donné, les officiels Carthaginois devaient avoir un peu mis cette guerre au rancard et que Hannibal apparaissait de moins en moins à l’ordre du jour.

Exagération = bon gag. En plus, je doute qu’ils étaient blancs comme ça…

Dites, je devrais amener une petite laine ou un coupe-vent en Tunisie?

5.8.09

Benedict change de chandail

Trois catégories de personnes semblent avoir entendu parler de Benedict Arnold : Les Américains, les Britanniques et… les Beaucerons avec leur fameux «Auberge Benedict Arnold».

Le plus intéressant dans tout ça est que les membres de la dernière catégorie semblent surpris d’apprendre que Benedict Arnold est un nom très connu aux USA. Je ne sais pas trop comment on fait pour passer devant une grosse pancarte arborant la face de Benedict Arnold à tous les jours pendant toute sa vie et pas se demander qui ça peut bien être.

«Sûrement huste un aut’ cave en ch’fal qu’on s’en sac’» - Steeve Veilleux de Saint-Georges.

Considérant que les Beaucerons sont probablement les plus américains des Québécois, l’Histoire de Benedict Arnold se marrie vraiment bien à leur propre Histoire… Benedict et les jarrets noirs se sont rencontrés à un moment important.

Les Américains ont des cours d’Histoire beaucoup plus poussés que nous. Mais comme dans tout, leurs connaissances sont extrêmement concentrées sur les USA… Donc oui, ils connaissent plus souvent bien l’Histoire que nous… la leur en tout cas…

Benedict Arnold (1741-1801) est un Américain du Connecticut qui a été général lors de la Révolution américaine (Guerre de l’Indépendance américaine). Les Américains, même s’ils ne se souviennent pas nécessairement des détails de la vie de Benedict Arnold, associent tous son nom à un mot : traître. Il n’est pas hors du commun de dire «T’es un maudit Benedict Arnold» lorsqu’on reçoit un couteau dans le dos à une partie de Risk (avertissement : Risk détruit les amitiés les plus solides). Moins commun à une game de Scrabble mais bon.

Sauf que ça ne prend pas beaucoup de temps pour comprendre qu’encore une fois, c’est un peu «grossi» cette histoire de trahison de la part de Ben. Sérieusement, on peut juste en prendre une certaine quantité avant de péter sa coche. Moi j’ai le goût de fesser dans le mur si je me pète le petit orteil sur le coin du frigo en me penchant pour ramasser un verre que je viens juste d’échapper en faisant la vaisselle; à la place de Benedict Arnold, j’aurais peut-être pompé bien avant.

À son jeune âge, il a tenté de rentrer dans l’armée et, bien qu’elle ne se soit pas tassée pour lui présenter le mur, c’est sa mère qui a refusé de lui donner la permission. Il voulait se battre contre la Nouvelle-France et conquérir le continent, mais il n’avait que 14 ans. Il finit par faire partie d’une milice à 16 ans, mais la guerre se termine assez vite (1759, conquête de Québec, et tout ce qui en découle) et il n’a pas le temps de faire grand-chose. Même sur cette jeune époque, on lui cherche des bibittes en disant qu’il aurait déserté en apprenant la mauvaise tournure d’une bataille, mais les histoires sont très floues. Dans le pire des cas, c’est son unité complète qui aurait rebroussé chemin, et non pas lui personnellement…

Avec un calme militaire relatif dans les années 1760s , Ben se concentre sur la business et fait du gros cash, mais quand le chiar (chior?) reprend pour l’indépendance américaine (milieu 1770s), il se lance et progresse rapidement dans les rangs à cause de stratagèmes de batailles forts appréciés, dont une des premières victoires importantes des patriotes américains sur les troupes loyalistes britanniques : la prise du Fort Ticonderoga et d’autres forts sur la frontière entre le Québec et les USA dans le coin du lac Champlain…

Et c’est là que les orteils sur les coins de frigos commencent pour Benedict Arnold. On a plusieurs raisons de croire que par son succès, sa forte personnalité et ses arrivées rocambolesques, il vole un peu le stage des généraux patriotes en place. Avec les mois, certains d’entre eux se liguent tranquillement contre lui.

Le gars les aide à fond, mais il doit toujours se battre pour ne pas se faire voler le crédit de ses victoires.

Après avoir coupé les communications entre les troupes britanniques au sud et celles au Québec, le terrain était prêt pour une invasion du Québec. Et oui, si vous ne le saviez pas, le «Canada» (pas encore officiellement une confédération à l’époque) et les USA se sont fait la guerre de temps à autre. À cette date-ci par contre, au milieu de la guerre de l’Indépendance américaine, les attaques des patriotes contre le «Canada» le sont plus contre la présence britannique en Amérique du Nord en général. Je me suis déjà fait nargué d’être un sujet de la reine lorsque j’étais aux USA, et c’est la vérité après tout. Je peux juste leur dire qu’au Québec, au moins on essaye de s’en défaire de temps en temps, alors que dans le reste du Canada on est content d’être loyaliste apparemment. Après la victoire des patriotes, les Américains nous ont shippé tous leurs loyalistes. On est pris avec astheure que veux-tu.

Où en étais-je? Ah oui, l’invasion de Québec (1775). Et oui, Benedict reçoit le mandat de capturer Québec. Il passe par le Lac Mégantic et les swamps environnantes, emprunte le chemin de la rivière Chaudière en Beauce. Dans ses plans, il avait inscrit que les Abénaquis de la région et les Canadiens-Français allaient probablement accepter de se joindre à lui dans son attaque sur Québec. Il ne s’est pas trompé. En effet, beaucoup d’ancêtres des Beaucerons se sont joints aux Américains pour attaquer la ville ; la cible, bien sur, était l’Empire Britannique qui venait de conquérir la Nouvelle-France 15 ans auparavant. On parle de quelques centaines d’hommes. Ils se sont avérés être des renforts très importants parce qu’une grosse partie des soldats de la troupe américaine sont morts à cause d’un automne particulièrement froid, de la dysenterie, des cartes imprécises, de la bouette méganticoise, et des rapides dangereuses.

Le barrage Sartigan fut un obstacle particulièrement éprouvant.

À son arrivée à Québec, les Américains ne représentaient plus que 600 membres affamés de la troupe d’attaque ; il y avait donc maintenant un pourcentage significatif de jarrets nouères et d’Amérindiens dans l’armée de Ben. Même avec très peu de défenses, Québec n’a pas été prise; Benedict avait perdu beaucoup d’hommes, d’armes et particulièrement de cannons dans son expédition (maudite bouette Méganticoise). La réaction des autorités britanniques contre les Canadiens ayant collaboré avec Arnold fut modérée. On se contenta de travaux forcés pour 700-800 hommes. Ça a quand même calmé les ardeurs et l’opinion publique canadienne-française qui avait un certain enthousiasme envers la cause américaine.

Un Beauceron s’apprêtant à attaquer Québec.

Tout ça n’était que le début de la carrière militaire de Ben Arny. Il a été promu malgré la défaite à Québec à cause de sa capacité évidente à se rendre quelque part contre vents et marées. Il a aussi été le dernier à battre en retraite un peu plus tard lorsqu’il a quitté le Québec pour défendre le lac Champlain. Ses actions ont vraiment ralenti la contre-attaque des Britanniques.

Mais c’est là que s’arrêtent ses avancées. À plusieurs reprises, sa carrière a stagné malgré le fait que même George Washington reconnaissait la grande valeur de Benedict Arnold. Tout ça à cause de politicailleries et du fait qu’il était souvent dans d’intenses prises de bec avec les autres généraux quant aux stratégies à adopter sur le champ de bataille. La bataille lors de laquelle il s’est le plus distingué est probablement la fameuse bataille de Saratoga, qui a eu lieu à Saratoga (1777, état de New York) et qui est reconnue comme étant le tournant de cette guerre d’indépendance. C’est une bataille où il se chicana solide avec les autres généraux et où il a eu raison. Mais encore une fois, les promotions sont allées aux autres. Il voulut donner sa démission parce qu’il en avait ras le bol, mais George Washington la refusa, alertant les autres que s’ils continuaient ainsi, ils allaient perdre un bon général…

Le perdre? Il s’est tellement écoeuré qu’il a changé de bord et s’est joint aux Britanniques tout en tentant de saboter les patriotes américains en livrant des informations cruciales sur le mouvement des armées américaines et françaises (les Français ont aidé les Américains à gagner la guerre d’indépendance). Il s’est fait donné un bon rang par les Britanniques et a conduit quelques attaques dont la recapture de Richmond et du pillage-brûlage-de-maisons probablement bien senti en Virgine.

Il a publié une lettre ouverte «aux habitants des Amériques» dans un journal de New York pour se justifier. Dans cette lettre, il dit qu’au moment où les Britanniques ont acquiescé plusieurs de demandes des Américains, il a été surpris de voir la guerre continuer, et s’est retrouvé en profond désaccord avec le Congrès américain. Il condamne aussi l’alliance avec une France catholique faible «ennemie des protestants» qui parle de liberté (la Bastille s’en venait) mais qui n’agit pas.

Benedict a survécu à tout cela, malgré de nombreuses tentatives de capture presque réussies dont une faite par Washington lui-même. Il finit sa vie à Londres en 1801, à mi-chemin entre un général respecté et un businessman international, mais à tout jamais les Américains le connaîtront comme une grosse caricature de traître et les Beaucerons se diront «quissé ça».

22.7.09

Le kit du parfait prophète

C’est le 8ème siècle? Vous en avez assez de dormir dans la bouette et de vous faire botter au passage par des nobles? Vous avez faim? Vous voulez avoir une chance de sortir de la misère? J’ai la solution! Devenez prophète du dimanche! À l’achat du kit «Oui je peux être Jésus», vous obtiendrez toutes les instructions nécessaires.

Adalbert, un Franc ayant vécu au 8ème siècle, est un des «imposteurs» (selon l’Église) les plus connus de l’Histoire. Quand est venu le temps de se démarquer des autres prophètes amateurs, il avait déjà rassemblé les ingrédients gagnants :

1) Dire que des anges vous ont donné des pouvoirs et de puissantes reliques.
2) Dire aux gens qu’ils n’ont pas besoin de se confesser avec vous, parce que de toute façon vous pouvez lire leurs pensées, avez déjà vu leurs péchés, et les avez déjà pardonnés. C’est déjà plus vendeur que le catholicisme.
3) Évoquer des démons épouvantables en vous mettant dans un genre de transe.
4) Avoir en sa possession une lettre écrite par Jésus étant tombée du ciel à Jérusalem (la montrer semble optionnel).
5) Faire des miracles avec des gens choisis «aléatoirement» dans la foule; des miracles tellement forts que vos futurs accusateurs ne les questionnent même pas dans votre futur procès (ceux-ci diront que les miracles étaient dus aux forces du mal).
6) Devenir une grosse vedette et donner des cheveux et des bouts d’ongles à tout le monde pour faire des amulettes. Ceci devrait être une conséquence de vos miracles anyway.
7) Être assez hot pour soulever une masse importante de pauvres, même quelques archevêques, et ainsi pousser les hautes instances à crotter de peur dans leurs soutanes
8) Être tellement hot que vous pouvez prétendre être un égal des apôtres originaux sans *immédiatement* être brûlé sur un crucifix qui se fait écraser par une roche traînée par quatre chevaux dans les quatre directions cardinales.
9) Dire que la fin du monde s’en vient.

Il y avait beaucoup de gens qui tentaient de percer dans le domaine, mais Adalbert est l’un des rares qui semblent avoir inquiété les hautes instances. Saint-Boniface l’a pratiquement lui-même appréhendé et s’est fait rabrouer par une certaine aile plus «libérale» (haha) de l’Église. Mais un prophète du dimanche semble aussi avoir des talents de voleur, parce qu’Adalbert a réussi à se sauver de sa prison. Il fut excommunié l’année suivante. Peut-être que ceci fut l’apogée de sa carrière? Je suppose que tels les ados qui allaient voir Kiss ou Alice Cooper en 1978 contre le gré de leurs parents, il devait y avoir un public cible de rebelles pour ce cher Adalbert.

En 746, un comité de chrétiens se penche sur le dossier «Bert»; comme preuve contre celui-ci, on étudie une biographie qu’il suggère presque personnellement au jury. Ils décident qu’il est fou et lui donnent une chance. Il continue quand même à prêcher… On se tanne et on l’emprisonne à nouveau, cette fois pour de bon. Il meurt en prison en cette même année de 746. Trente ans plus tard, les ados branchés écoutaient encore ses tounes en fumant des clopes dans le sous-sol de leurs parents.

Sa présence a été marquante, assez pour que près de 150 ans après, Charlemagne le mentionne dans ses écrits. Il semble assez sarcastique quant à l’idée des lettres de Jésus tombant du ciel…

Dans un sens, l’Église a elle aussi à son actif des saints ayant apparemment fait des miracles. Mais ces miracles étaient toujours faits dans un encadrement chrétien, avec la grâce de Dieu… Les faux prophètes comme Adalbert, eux, faisaient des miracles par eux-mêmes avec des dons du ciel, et faisaient prier les gens dans des lieux hors de l’encadrement de l’Église. Ça ne dérangeait pas trop l’Église jusqu’à ce que le prophète cause presque un schisme et que le nombre de gens se rassemblant dans des lieux à l’abri des évêques devenait trop grand…

4.7.09

Top 10 des avancées de l'humanité

Que voulez-vous, j’écoute beaucoup de musique et je suis du genre à toujours faire des palmarès comme «top 10 chansons sorties en 1979», alors c’est normal que ça déteigne sur mon approche envers l’Histoire.

Mais tout ça est un exercice tellement futile. Je suis tombé dans un débat avec ma copine sur ce qu’est une avancée. Est-ce qu’il y a une différence entre une avancée et l’évolution inévitable? Par exemple, l’agriculture est arrivée par défaut; les gens ont découvert que les endroits où ils déféquaient regorgeaient de fertilité et que les graines non digérées se mettaient à germer… Ils ont observé que les graines d’une bonne plante avaient de bonnes chances de donner d’autres bonnes plantes. C’était comme… Inévitable. Est-ce que ça, c’est différent des frères Wright qui ont inventé l’avion? … C’était peut-être inévitable que ça arrive… J’essayais de focuser sur les inventions plus «ponctuelles» au début (un gars qui invente quelque chose), mais on ne peut pas prétendre que ces inventions ont eu plus d’impact. Bref, j’ai tout mis ce débat de côté et je fais un top 10 des AFFAIRES FRICKING AWESOME QUI SONT QUAND MÊME FULL IMPORTANTES, MAIS QU’ON PEUT PAS NÉCÉSSAIREMENT DIRE QUE C’EST LES PLUS IMPORTANTES MAIS ON POURRAIT DANS UN SENS TSÉ.

1) L’appropriation

«L’appropriation de la nature» est sûrement l’avancée la plus importante, celle qui a établi la civilisation humaine. Si vous vous demandez «mais où est l’agriculture!», et bien elle fait partie de cette grosse catégorie qu’on nomme «l’appropriation». C’est tout le procédé qui a fait comprendre à l’homme les principes de l’agriculture, la sélection des animaux et des plantes, la construction d’objets et de structures à partir des ressources naturelles. L’Homme s’est soudainement vu comme étant spécial, et les mythes et religions sont rapidement apparus comme par hasard.

J'ai trouvé la photo de forêt en tapant "CPRS" (ou en tout cas, j'aurais pu).

Le milieu naturel a vraiment guidé le processus de l’appropriation. Certaines zones du monde y étaient plus propices et c’est pourquoi les Européens étaient si «avancés» lorsqu’ils ont débarqué en Amérique. Si ce sujet vous intéresse, je vous conseille vivement le prix Pulitzer «Guns, Germs and Steel» de Jared Diamond. En français, ça s’appelle platement «De l’inégalité entre les sociétés». C’est un livre que les gens secrètement racistes devraient détester, parce qu’il explique que les races les plus avancées le sont à cause de la géographie et non à cause de leur cerveau… Un point de vue très déterministe, presque trop parfois.

2) Le libéralisme

À la fin de l’époque médiévale, pendant la Renaissance et le Siècle des lumières, est apparue l’idée que les sociétés devraient avoir comme but ultime d’offrir la pleine liberté individuelle et l’égalité à tous ses membres. On peut dire que ce fut une influence importante sur le monde occidental moderne. On peut aussi dire que le concept est parfois travesti pour justifier n’importe quelles conneries, mais bon, c’est une autre histoire. On peut toujours ben pas mettre les sweatshops sur le dos de Locke, Rousseau et Voltaire.

Ils désapprouvent.

3) L’optique et l’astronomie

Cette avancée a mis les peuples autrefois isolés en contact les uns avec les autres via la navigation par bateaux. La syphilis et la variole se sont occupées du reste. Tout ça a grandement changé la face du monde. Qui sait ce que seraient devenus les peuples de l’Amérique du Nord?

4) L’internet

Bon, là, pitchez-moi pas tout de suite des roches. Au début, je voulais mettre l’écriture, ensuite non, je me suis dit que la presse de Gutenberg c’était plus important, ah finalement la radio, mais plus tard le téléviseur… Laquelle de ces inventions de communication est la plus importante? Mais pensez-y sérieusement… L’internet… On a un média libre. Faut juste pas que ça change. Mais c’est une avancée extraordinaire. C’est de plus en plus difficile de passer quoi que ce soit sous silence. Si une bombe atomique tombe sur le Mont Royal, j’ai presque assez de temps pour l’apprendre sur Facebook pis me sauver avec mon Corolla. Pourvu qu’il ne soit pas 16h30 un vendredi soir.


Tout ça est tellement important. Avec la presse, il fallait quand même se rendre à la bibliothèque, ou aller à l’école. Avec le téléviseur, il fallait attendre qu’on nous parle du sujet qui nous intéressait. Et tout ça, c’était de la communication plus ou moins unilatérale. L’internet par contre donne la parole à plus en plus de gens, en même temps, dans un beau chaos qui va sûrement changer beaucoup de choses. C’est sûr que pour l’instant, y’a juste des vidéos de Rick Astley pis de la Pokemon porn, mais bon, attendez, vous allez voir…

5) Le tableau périodique des éléments

Ce tableau résume tellement bien la science moderne, même la physique, dans un sens. Il résume les travaux scientifiques de milliers de personnes. Il explique comment les atomes vont ensemble ou ne vont pas ensemble. C’est une base. Ceux qui n’ont pas pris de cours de chimie pensent peut-être que le tableau périodique des éléments est juste une liste d’éléments avec une forme bizarre et se demandent peut-être pourquoi pas juste les mettre un après l’autre dans un tableau carré en ordre alphabétique. Vous ne savez pas à quel point vous avez TORT. MAUVAISE RÉPONSE. Mais là, c’est un blog sur l’Histoire mon affaire. Allez voir ailleurs.

6) L’électricité? …

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Bon, tout ça, c’est vraiment n’importe quoi. J’arrête. Chao. Ma liste est vraiment occidentaliste en plus. Ça fait que bon, pour contrebalancer, je vais chialer un peu:

Les avancées surestimées!

1) La roue: Franchement, j’aurais pensé à ça tout seul pis je n’en aurais pas fait tout un plat. Y’a personne qui a écrit un livre sur moi quand j’ai pensé à mettre un papier en dessous du coin de ma table pour qu’elle arrête de shaker.

2) L’ampoule: Hey, on s’en sacre-tu un peu. Surtout que c’est l’autre là, le fou à Thomas Edison qui a «inventé» ça. C’était un bandit ce gars-là, il a breveté des dizaines de découvertes que d’autres avaient faites. Surtout des inventions du pauvre Nikola Tesla. Lui aussi il était fou, mais pour d’autres raisons… D’ailleurs, ça pourrait faire l’objet d’une chronique ça…

3 ) La potion magique de Panoramix : Je ne pense pas qu’elle était si hot que ça la potion de Panoramix. J’veux dire… ILS SONT OÙ LES GAULOIS AUJOURD’HUI HEIN!?



Dix chansons tops de 1979: The Logical Song (Supertramp), She’s Lost Control (Joy Division), Hey Hey My My (Neil Young), Cars (Gary Numan), Mind (Talking Heads), Spirits in the Material World (The Police), Tusk (Fleetwood Mac), The Guns of Brixton (The Clash), Goodbye Blue Sky (Pink Floyd), Don't Stop 'Til You Get Enough (Michael Jackson), Ice (Camel, les solos de guitare me font pas grand chose d'habitude mais là... à 4:44). Oui, je sais, c'est onze.

PS: Oui, le sondage est terminé... Je considère le résultat...

21.6.09

Les anges polonais

Savez-vous ce qu’est un hussard? Pour bien expliquer, il faudrait revoir tout l’historique militaire des unités de cavaleries, et là, disons que c’est hors de mon champ de compétences. Si je m’avance un peu… Les cavaleries ont été groupées en deux catégories, les lourdes et les légères.

Quand on pense à des combattants à cheval, on pense souvent aux chevaliers médiévaux. À cette époque, il y avait beaucoup de types d’unités de cavalerie lourde, et les cavaleries légères étaient généralement simples (moins d’armure, lances, chevaux plus rapides, mais moins robustes). Avec l’apparition de l’arme à feu, des canons et de la nécessité de communiquer des ordres pour gérer d’énormes batailles, la force brute de la cavalerie a perdu un peu de valeur tandis que la rapidité d’exécution des manœuvres d’encerclement est devenue primordiale. On s’imagine…

C’est quoi le rapport de «HU!» anyway?

Ainsi, la variété de cavaleries légères a dramatiquement augmenté au 15e siècle et a perduré jusqu’à la Première Guerre mondiale. Même que le cheval a joué un rôle logistique important pendant la Deuxième Guerre mondiale (transport de matériel), ce que je peu de gens semblent réaliser.

Les hussards sont des unités de cavalerie légère qui sont apparemment nées en Hongrie. Le mot «hussard» viendrait du hongrois pour «vingtième » (parce que chaque vingtième homme de l’armée était assigné à la cavalerie). J’ai aussi vu que c’était un mot hongrois provenant d’un mot serbe signifiant «pirate». Comme quoi l’Histoire est loin d’être une science exacte. Les hussards ont combattu de façons différentes selon l’époque. Ils avaient toujours au moins une arme de main, et plus tard souvent un fusil quelconque. Ils chargeaient habituellement avec une épée et se battaient ainsi en mêlée après la charge initiale; l’arme à feu était généralement utilisée à côté du cheval, lorsque la situation le permettait (très peu d’unités tiraient à dos de cheval!).

On associe beaucoup les hussards à l’époque des guerres de Napoléon. C’était une marque de prestige et de fierté de faire partie des hussards. Et ce, même si le taux de mortalité était beaucoup plus élevé dans la cavalerie que dans les fantassins. Personnellement, si on me donne le choix entre être pris en tapon dans un mur d’hommes à pied, ou être presque tout seul sur un piédestal (cheval) dans le milieu du champ de bataille avec une veste bleu flash, je pense que je me contenterais de la gloire du fantassin. À moins d’avoir la job du piccolo.


Il y a eu quelques unités de hussards *lourds*. Les hussards polonais sont l’exemple le plus connu. Ces unités étaient surtout présentes lors des débuts des hussards, lorsque l’arme à feu n’était pas encore omniprésente (parce qu’elle pétait dans la face de l’utilisateur et brûlait allègrement cette dernière une fois sur trois, en plus de prendre 5 minutes à recharger).

Et oui, toute cette longue introduction n’est là que pour présenter un fait divers: le hussard ailé polonais.


Hoooolyyyy shiiiiiit.

Non, cette image n’est pas tirée d’un livre intitulé «Gramulax et la quête de l’émeraude elfique»: elle provient bel et bien d’un livre d’histoire. Il y a eu, dans notre histoire, des cavaliers ailés. Je pense qu’il n’y en a même pas dans le Seigneur des Anneaux, c’est tout Deer (voix de Pierre Houde).

Les hussards polonais étaient l’élite de la cavalerie polonaise. Ils ont participé à de nombreuses victoires pendant le 16e et le 17e siècle, contre divers ennemis (Russes, Ottomans, Suédois, coudonc, tous les voisins finalement?), et parfois lorsqu’ils étaient fortement en désavantage numérique. Ils travaillaient fort dans les coins et s’en sortaient.

Ces unités sont devenues des unités de parades avec les années et la progression des armes à feu, mais au début, il y aurait en effet eu des batailles avec des cavaliers ailés. Certains s’entendent pour dire que ce n’était QUE pour les parades, apparemment que la résistance des ailes à l’air aurait arraché les cavaliers de leurs selles lorsque ceux-ci auraient tenté de charger… Pourtant, il existe une panoplie d’explications pour la présence de ces plumes montées sur des cadres de bois sur le champ de bataille. On veut tous trouver des raisons pour y croire, parce que c’est trop badass:

1) Les ailes faisaient un bruit qui rendait les chevaux sourds aux autres bruits qui auraient pu les affoler. Certains peuples avaient même des engins en bois faits spécialement dans le but de faire du bruit pour effrayer les chevaux… D’ailleurs…

2) Les ailes faisaient un bruit affolant pour les chevaux ennemis qui n’étaient pas entraînés pour ce genre de stress.

3) Les ailes rendaient difficile l’assaut par le lasso (allitération et assonance, +3 points, bravo Simon). Les Tatars de la Crimée étaient des maîtres du lasso (et oui, ils étaient un autre membre de la grande famille des peuples ayant une dent contre les Polonais. Quand c’est la seule que t’as dans la bouche, c’est qu’il s’agit d’une haine bien sentie. OH SNAP).

Finalement, les hussards polonais sont ceux qui ont vraiment maîtrisé la charge lourde et intense. Imaginez-vous, voir une cinquantaine de tels soldats vous foncer dessus pendant que vous recharger un fusil avec le maudit petit bâton inutile. Zing zing zing. J’espère que vous avez les nerfs solides pour accomplir la tâche, sinon c’est la baïonnette qui devra être solide! Mais encore une fois, lorsque le mousquet à canon lisse a été remplacé par des armes plus efficaces avec des technologies comme les pièces facilement changeables et surtout le rayage des canons, ce type de charge a perdu beaucoup d’efficacité.

Rayures de canon: des petites lignes dans les canons et voilà, on change le cours de l’Histoire.

Bon, ben j’ai trouvé mon déguisement d’Halloween. Peut-être que je vais le modifier pour combiner les ailes au suit du «squad man» nazi, pour un effet complètement WTF. I’m stylin’.

PS: Dernière semaine pour voter.

7.6.09

La jambe maléfique

Un homme, une jambe. Philip Verheyen est un Néerlandais ayant vécu entre 1648 et 1711. C’était un jeune prodige. On l’envoya dans un collège où il s’intéressa au dessin de l’anatomie. Il est l’auteur d’un livre d’illustrations anatomiques très important (Corpus Humani Anatomia). Il fut professeur d’anatomie, et publia beaucoup d’ouvrages reconnus sur le sujet.

Mais sa vie a pris quelques bifurcations avant de se rendre là. À la sortie de son cours en arts, il se préparait à aller dans un collège pour prêtres, comme il désirait le faire depuis sa tendre enfance. C’est à ce moment que la maladie le frappa. Une infection le força à se faire amputer une jambe. Philip Verheyen avait déjà une fascination pour l’anatomie, mais il avait aussi l’étrange impression religieuse qu’on ne pouvait pas enterrer une partie du corps séparément du reste. Par intérêt pour sa jambe et par désir que sa jambe ne se décompose que lorsque son être entier allait être prêt à mourir, il demanda à son chirurgien de conserver le membre. Il semble que cet événement ait renforcé l’intérêt de Verheyen pour l’anatomie et lui ait fait un peu oublier ses projets cléricaux. C’est une raison comme une autre de ne pas devenir prêtre, je suppose… «M’man, depuis que j’ai perdu ma jambe, je veux devenir médecin, oublie ça la prêtrise». Moi en tout cas, ça m’en aurait pris pas mal moins pour changer de chemin et éviter de devenir prêtre.

Alors, on prépara la soupe à la jambe; une bonne dose de brandy, du poivre et un genre de vinaigre balsamique. Avant d’y être plongée, la jambe fut traitée au talc, lavande et mercure (une composante importante de toutes les recettes depuis les temps romains, apparemment). Bref, on avait maintenant une jambe préservée, pratiquement indestructible. L’histoire ne dit pas trop s’il gardait sa jambe dans le pot sur le bord de sa fenêtre à côté d’un bouquet. J’espère.

Philip Verheyen développa une relation étrange avec sa jambe… Il est l’un des premiers à avoir mis sur papier l’existence du phénomène du «membre fantôme». Il se mit à prendre des notes, un recueil de centaines de pages qui s’intitule «Notes sur ma jambe». Les lecteurs modernes préfèrent souvent traduire le titre de ce journal par «Lettres à ma jambe», à cause du ton personnel qui émane des textes. En effet, Philip Verheyen parle directement au membre en question. Il est difficile pour un non-amputé d’imaginer à quel point le membre fantôme est bien réel. Les gens se lèvent souvent le matin avec l’impression qu’ils ont le bras dans une fâcheuse position (genre derrière la tête) mais ils ne peuvent rien faire pour déplacer leur bras… Parce qu’il n’existe pas…

Philip Verheyen continua de converser avec sa jambe dans ses notes pendant des décennies… Il devint recteur de l’Université Catholique de Leuven et sa réputation d’anatomiste grandissait. Mais avec les années, disons qu’il commença à être affecté psychologiquement par sa jambe fantôme. Il se croyait un peu fou de toujours sentir une jambe alors qu’il n’y en avait pas, et personne n’avait vraiment travaillé sur ce sujet, il se sentait probablement seul dans cette situation. Il commença à délirer et il écrivait de plus en plus de texte dans son journal, à sa jambe… Texte dont la pertinence et le fil conducteur diminuent avec son intellect... Il se demande de plus en plus si sa jambe, dans son bocal, a un effet métaphysique sur lui, et que c’est elle qui lui donne le sentiment fantôme.

Pendant les mêmes années, il assista à des espèces de freakshows de médecine à La Haye. Un autre professeur d’anatomie renommé faisait des dissections spectaculaires devant un public diversifié et ébahi. Ledit professeur colorait même ses vieux macchabées pour que le tout soit le plus réaliste possible. Philip Verheyen fut très impressionné; on a la preuve qu’il a vu ces «spectacles scientifiques» à plusieurs reprises parce que plusieurs de ses billets d’entrée servaient de signets dans son «Lettre à ma jambe». À ce moment, il se sent très inspiré…Un peu trop.

Il ouvre le bocal qui le « titillait » depuis des dizaines d’années, s’assoit à son bureau, et fait une dissection de sa propre jambe. Il veut comprendre son membre fantôme et s’assurer que c’est cette fameuse jambe préservée, et apparemment munie d’un esprit, qui le hante, il veut en finir avec elle. Il veut prouver que la jambe fantôme n’est pas créée par son cerveau et qu’il ne délire pas. Il défait chaque petit morceau, petit nerf, petit tendon, lui met une petite étiquette. Un homme dédié à la science. Le procédé dure pendant presque 20 ans, jusqu’à la mort de notre protagoniste.

Philip Verheyen

Il décède en 1711. Dans son bureau, on trouve une grande table, avec tous les infinitésimalement minuscules morceaux de jambe de Phil exposés, délicatement coupés, méticuleusement étiquetés. Esprit torturé par un fantôme, jusqu’à la fin. Il ne réussira pas à se rassurer; le cerveau est en effet responsable du membre fantôme, comme on le sait aujourd’hui, aucun membre coupé ne devient maléfique. Enfin, j’espère que je n’ai pas besoin de préciser…

Ça fait une heure ou deux que je lis sur le sujet et travaille sur cette petite chronique, le mot «jambe» n’arrête pas d’être prononcé dans mon cerveau, et plus on dit le mot «jambe», plus on trouve ça vraiment laid. JAMBE, une jambe? Sérieusement, ça s’appelle une jambe… Jambe.

PS: Une seconde pour voter, à droite!

24.5.09

La fête de Dollard Victoria le Patriote

Avant de commencer, je voudrais préciser qu'il est maintenant possible pour tout le monde de laisser des commentaires sur ce site (même anonymement, sans vous inscrire). De plus, si vous regardez à la droite de cet article, vous verrez un nouveau sondage... Alors débutons.

En essayant d’utiliser un peu l’actualité pour choisir un sujet historique, je me suis dit que le congé de lundi dernier était une opportunité… Par contre, on ne sait plus trop ce qu’on fête au juste en ce dernier lundi avant le 24 mai. Est-ce qu’on fête le courage de Dollard, les patriotes du Québec ou la reine Victoria?

On peut oublier Dollard tout de suite quant à moi. Sérieusement, je crois que cette histoire est vraiment exagérée et a été utilisée à des fins plus ou moins respectables. D’après l’histoire populaire, Dollard des Ormeaux a protégé Montréal d’une attaque iroquoise imminente avec une poignée d’hommes et s’est sacrifié lors de l’explosion d’un baril de poudre. En vérité, on ne sait plus trop pourquoi Dollard s’est retrouvé à Long Sault (lieu de la bataille) et on n’est plus certain de l’intention des Iroquois qui l’ont pris en embuscade. Bref, il y a comme un décalage entre les incertitudes qu’on a à propos de cette histoire, et la quantité de monuments et de festivités en l’honneur de Dollard…

Si Dollard est un héros national, c’est probablement, encore une fois, à cause de l’Église catholique et des politiciens. Un peu en manque de héros, les Canadiens-Français avaient besoin d’images et d’icônes pour se faire convaincre de plein de choses. On peut penser aux deux guerres mondiales; les Québécois ont toujours été les plus opposés à la conscription au Canada… On s’est servi du mythe de Dollard pour essayer de les convaincre. Ils sont toujours demeurés très rébarbatifs…

Il y a aussi la reine Victoria. Reine du Royaume-Uni ayant vécu entre 1819 et 1901. Ah Victoria, la plus belle des reines.

Ah Victoria, vous ne ressemblez en rien à un pitbull. Vous avez des traits définis comme une statue de l’Île de Pâques. Même en peinture, vous avez ce petit je-ne-sais-quoi, cet air de «mon sac de colonoscopie est-il toujours en place?». Votre menton… brille… par son absence… Vous avez tant de gras… de grâce, je veux dire de grâce.

Quand même, c’est à partir de son règne que le rôle du roi ou de la reine dans la monarchie britannique a changé. Elle a beaucoup déplacé le système de gouvernement d’une monarchie absolue vers une monarchie constitutionnelle et parlementaire. On pourrait résumer le changement de rôle du monarque ainsi:


Bref, en tant que Québécois, on devrait avoir une relation amour-haine avec la reine Victoria. Dans un sens, aujourd’hui, on peut la remercier pour le fait qu’on peut rire en pleine face de la reine et de son institution archaïque et déconnectée. Dans l’autre, elle demeure un autre de ces monarques Britanniques avec lesquels nous ne nous sentons pas vraiment très proches, disons...

Deux faits divers sur Victoria:

1) Elle a eu pas mal de marmaille avec son époux le prince Albert… Elle le trouvait pas mal de son goût disons. En passant, savez-vous ce qu’est un piercing de style «Prince Albert»? Si vous voulez vraiment le savoir, allez voir par vous-même avec Google, parce que moi, ça ne me tente pas d’aller voir en ce moment (faites-le pas au travail!)… Pour en revenir aux enfants de Victo, l’une d’entre elles a fini par se marier à un gouverneur général du Canada. Cette fille était Louise Alberta. De son vivant, elle a légué son nom à la province canadienne pour honorer son père le prince Albert. Le lac Louise est aussi nommé en l’honneur cette dame…

2) Reine Victoria aimait beaucoup l’Irlande. N’oubliez pas que les relations entre l’Irlande et l’Angleterre n’ont pas toujours été bonnes… Les Irlandais étant catholiques, etc. D’ailleurs, beaucoup de Québécois ont des racines irlandaises (John Charest mon chumé je regarde dans ta direction là!). Une autre raison valable pour aimer Victoria direz vous? Et bien Victoria aimait tellement l’Irlande qu’elle a envoyé 2000 livres (monnaie) de sa poche à l’Irlande lorsque celle-ci a été frappée par la famine due à la maladie de la pomme de terre (allez à Grosse-Île si vous voulez en apprendre là-dessus). Le sultan de l’Empire ottoman a voulu envoyer l’équivalent de 10,000 livres pour aider les Irlandais… Victoria aimait beaucoup l’Irlande, mais pas au point de se faire «upstager» quand même. Elle a ordonné de ne pas accepter cette aide. Pas question d’avoir l’air cheap à côté des Ottomans, woh minute… Victo, t’envoie comme un «mixed message». C’est pas clair là.

J'aime de moins en moins ta face...

Maintenant, en mai, on fête les patriotes. Merveilleux. Rien à dire sur ce sujet pour l’instant. Peut-être plus tard… En tout cas, c’est mieux que Dollard c’est certain. Surtout que Dollard, dit en anglais, sonne un peu comme une insulte. N’oubliez pas que pour la monnaie, dollar ne prend pas de D (ni en français, ni en anglais). «Dollard», en anglais ça a déjà voulu dire «stupide», du fait que «doll» veut dire «catin» ou «poupée»…

Peut-être aurait-on pu choisir un patriote en particulier? Louis-Joseph Papineau, et sa tête que toutes les choses simples ne nécessitent pas, aurait été une bonne idée je trouve (la fête à Papineau! Oh yeah!). En plus, L-J Papineau avait la meilleure coupe de cheveux en ville. Honnêtement, aucun homme n’a plus de broue dans le toupette que lui.

Ceci conclut mon premier pot-pourri sur le thème de la fête des patriotes de dollard de la reine.

4.5.09

À ne pas mentionner dans vos pubs TV

Le vote est terminé, merci à ceux qui ont participé. Les gens sont fascinés par les nazis. Encore une fois, c’est l’Allemagne nazie qui suscite le plus d’intérêt.

En avril 2007, Bryan Ferry, le chanteur de l’excellent groupe Roxy Music, a créé une controverse avec une déclaration tout à fait légitime. Il a osé dire que l’architecture nazie, les défilés nazis, les habits nazis et le symbolisme nazi étaient beaux, impressionnants ou du moins esthétiquement plaisants.


Si vous avez trouvé qu’une ou plusieurs de ces images avaient un certain cachet, vous êtes sûrement un gros nazi sale comme Bryan Ferry.

Dans un sens, bien que l’armée nazie était très avancée technologiquement à son époque, en ce qui concerne l’esthétisme, Hitler et les nazis semblaient vraiment venir d’une autre ère. En fait, en 1939, il n’y avait presque plus de place pour l’esthétisme et les choses «épiques» dans les armées de France, d’Angleterre et des États-Unis. Tout était fait pour minimiser les coûts et augmenter le potentiel fonctionnel de l’équipement et des habits. À l’opposé, les nazis prétendaient encore faire partie d’un temps où la guerre était honorable et où les uniformes étaient des outils de fierté et de propagande. Un peu comme s’ils étaient en guerre à l’époque de Napoléon…

Les uniformes nazis les plus reconnus sont les habits très stylisés des Schutzstaffel, plus communément reconnus comme étant les «SS».


Il faut avouer que c’est pas mal «stylish» (ok peut-être à part le pas chanceux en brun). Pas étonnant qu’il y ait un fétiche sexuel par rapport aux habits nazis… Disons que j’en ai fait l’expérience en cherchant des images pour cet article. Selon mon expérience, l’habit est indéniablement intéressant sur une dame, mais là, les japonais, si vous pouviez arrêter de combiner habits nazis, tentacules et grands yeux brillants, je pourrais mieux dormir ce soir, merci. Monsieur Max Mosley, patron de la Fédération internationale de l’automobile (FIA) qui gouverne la F1, pourrait vous glisser un mot sur le fétiche nazi. Il a été pris en flagrant délit avec des prostituées. Apparemment qu’il s’amusait à les fouetter et que le jeu de rôle était qu’il était un nazi en train de fouetter des Juives dans un camp de concentration. Tout ça me semble très sain.

Pour en revenir à l’uniforme… Il a été créé par un Ph.D. SS et un designer SS. Le point intéressant est qu’ils se sont associés à Hugo Boss. Oui, la compagnie Hugo Boss dont vous voyez les annonces un peu partout et qui font de beaux habits pour hommes, vraiment «slicks». Personnellement quand je vois une annonce Hugo Boss dans le métro de Montréal, je me dis que Hitler aurait sûrement approuvé le design pour les SS.

La compagnie Hugo Boss est Allemande et a été créée dans les années 20. Donc, elle était encore petite à l’époque. Apparemment qu’il y a eu du travail forcé dans leurs usines. Mais bref, oui, Hugo Boss a produit des habits de nazis. Ils l’ont reconnu dans les années 90. Ils ont engagé un historien pour tenter d’élucider la façon dont tout ça est arrivé, mais disons que moins on parle de ça, plus ils sont contents.

Concept rejeté au dernier meeting.

Hugo Boss n’est pas la seule compagnie qui aimerait bien qu’on oublie certains épisodes…

Cette image montre un Hitler très enthousiaste envers le prototype pour la nouvelle coccinelle de Volkswagen…. C’est un modèle qu’il a lui-même demandé. Ses critères: elle doit pouvoir rouler à 100 km/h, elle doit pouvoir contenir 5 personnes, elle doit coûter la même chose qu’une moto. Inutile de dire que Volkswagen n’est pas trop bavarde sur l’histoire.

Nommez moi un des concepteurs importants de la coccinelle de Volkswagen? L’Autrichien Ferdinand Porsche. Oui, le Porsche des autos Porsche. Il a dessiné plusieurs Porsche et a aussi fait avancer la science des tanks allemands. Il a été instrumental lors de la création des fameux et redoutables «Tigers».

Une Porsche.

Il y a aussi la catégorie des compagnies modernes qui manquent juste un peu de tact. Maintes compagnies allemandes ont tenté de nommer des produits «Zyklon», parce que c’est le mot allemand pour «cyclone». Une laveuse Siemens a failli porter le nom de Zyklon pendant un certain temps… Les Juifs ont rapidement demandé des excuses. La raison?

Canisse de Zyklon B vide. Un des gaz utilisés pour liquider les Juifs. Très bon choix de nom pour une laveuse. Ça aurait été encore mieux pour une compagnie de poêles à bois.

Dans le même ordre d’idées, la compagnie allemande Bayer, productrice des Aspirines, a fait partie du groupe d’entreprises I.G. Farben. Ce conglomérat était un groupe de compagnies pharmaceutiques et chimiques en Allemagne lors de la Deuxième Guerre mondiale. Parmi les productions de I.G. Farben: le Zyklon B. Quant à Bayer elle-même, elle donnait des subventions de recherche à des chercheurs nazis qui faisaient des expériences sur les humains à Auschwitz, et lorsqu’un Juif a été celui qui a inventé l’Aspirine, elle a donné le crédit à un imposteur à la place. Encore une fois, les annonces d’Aspirine ne s’étalent pas trop sur le sujet.

En fait, comme presque tout le monde était pratiquement obligé d’être membre du parti nazi, c’était difficile pour une entreprise de ne pas avoir de liens avec le NSDAP. Donc, on ne peut pas trop blâmer… Sauf pour la laveuse Zyklon… Come on là, pas capable de prendre 5 secondes pour taper «Zyklon» dans Google et savoir si le nom était déjà pris? Dans ce cas là, c’est un peu plus problématique qu’un nom déjà pris.

20.4.09

Certaines choses ne devraient pas pogner en pain

Alors, vous voulez entendre parler d’une dégueulasserie médiévale hein? Si on pense à la vie de tous les jours aux époques médiévales, c’est souvent plus difficile de trouver un sujet qui n’est PAS dégueulasse, donc cette chronique sera assez facile à écrire. Mais est-ce que vous voulez VOIR la dégueulasserie? Et bien vous allez la voir, vous avez couru après.

La science n’a toujours pas réussi à prouver que la chose dont je vais vous parler aujourd’hui a vraiment existé… Ceci étant dit, elle a fait partie du folklore pendant bien longtemps, et on en aurait même quelques spécimens «fossilisés» en exposition…

Quiz: que se passe t’il quand il y a vraiment beaucoup de rats dans un espace clos? Non, je parle de BEAUCOUP de rats là… Beaucoup… Imaginez leurs petites queues de rats qui s’amusent comme des fils de manettes de Nintendo: par magie, le tout pogne en tapon. En plus, il faut ajouter à ça que la densité de rats dans cet espace clos fait qu’ils se chient dessus, se battent, pissent, bavent et saignent dans la crotte et font whatever que les rats peuvent bien faire. Ils ont plusieurs habitudes qui les placent en tas…

Selon divers témoignages, il serait arrivé à plusieurs reprises, et à plusieurs endroits dans le monde, que toute cette bouillabaisse biologique «pogne en pain», surtout au niveau de la queue (voir phénomène «esti de manettes de Nintendo» décrit plus haut). On se retrouve donc avec un joyeux nœud de queues de rats avec des rats tout autour qui essaient de partir dans n’importe quelle direction. Les observations les plus connues de ce phénomène se seraient produites en Allemagne; on appelait la super entité un Rattenkönig, soit un «rat king », en français, un roi de rats. Peut-être à cause de l’effet «couronne». Ils peuvent supposément grandir ensemble et vivre... Il est maintenant venu le temps d’en voir un… Alors, si vous avez un cœur sensible ne cliquez pas sur le lien ci-dessous. C’est pas si pire sérieusement, c’est juste un paquet de rats fossilisés ensemble, mais j’imagine que ça pourrait en écoeurer quelques-uns.

Cliquez ICI pour voir un roi de rats et avoir la même réaction

Selon la coutume en Allemagne, voir un roi de rats, c’était un très mauvais présage. Tant qu’à moi, si je tombais face à face avec un roi de rats, j’vois pas trop comment la situation pourrait s’empirer à partir de là.


Le mauvais présage associé avec le roi de rats était souvent la peste. Et pour cause, considérant que ce sont les puces des rats qui transmettaient la peste bubonique aux humains. Ces derniers ne le savaient pas du tout, mais ils ont indirectement fait le lien on dirait bien... Ceci est à peu près la seule chose intelligente que les gens ont faite en ce qui a trait à la peste bubonique. Pour le reste, on repassera… Par exemple, lors de la grande peste du milieu du siècle 1300-1400, ils ont fait un génocide de chats parce qu’ils croyaient que les chats avaient un côté démoniaque, lié au diable, et qu’en les tuant, on pourrait éliminer la peste. Qu’est-ce que ça fait d’autre un chat? Ça tue des rongeurs porteurs de la peste! Bravo paysans médiévaux. Inutile de vous dire que je vais m’abstenir de leur donner un morceau de robot.

J'avoue que vu de même...

Conséquences de la grande peste noire du milieu du 14e siècle? En moyenne 30-50% de la population Européenne décimée; jusqu’à 80% dans les zones méditerranéennes… Imaginez-vous la situation, avec tous ces cadavres qui jonchent les trottoirs, la religion est la source de connaissances en qui les gens font le plus confiance, disons que le moral était assez bas, que les légendes et les superstitions se sont mises à fleurir ainsi qu’un art assez morbide pour l’époque. C’est pendant ces années ou un peu après que les gens ont commencé à faire des choses comme l’auto flagellation ainsi que des œuvres optimistes telles que…

«Danse macabre», une des œuvres les plus connues de l’époque.

Pour moi, une des conséquences les plus cools de cette époque, ce sont les «docteurs de la peste». Ils se promenaient avec un petit bâton pour toucher et examiner les patients sans utiliser les mains, un chapeau de docteur médiéval et un grand trench-coat noir couvert de suie pour ne pas exposer la peau du docteur (la suie, ou la graisse, servait à repousser le jus de peste, pour ne pas que ça colle aux vêtements…). Le trait qu’on remarque le plus par contre, c’est le masque vraiment branché, type masque à gaz. Le masque donne un air vraiment «corbeau» au docteur-peste, mon prochain déguisement d’Halloween…

T'es sur que c'est pas un méchant dans Zelda?

Le masque avait diverses fonctions. Premièrement, le masque devait protéger physiquement la peau du visage contre les pestilents et les verres rouges recouvrant les yeux, en plus de donner un air surréel au docteur, devaient apparemment repousser le mal et l’empêcher de pénétrer l’esprit du pauvre homme qui avait vraiment mal choisi sa profession. On croyait que les oiseaux avaient quelque chose à faire avec la transmission de la peste et que donc, de prendre l’allure d’un oiseau allait faire sortir la peste du patient et l’emprisonner dans l’habit du médecin… De plus, le grand bec était rempli de puissantes herbes aromatiques. Les docteurs disaient que c’était pour filtrer l’air et s’assurer que la maladie ne les atteigne pas, mais nous savons tous que c’était pour ne pas sentir les parfums de pus, de jus de mort et de bouillon de presque-mort qui flottaient dans l’air (et sur le matelas)… Le pire dans tout ça est que bien que la peste, dans ses niveaux les plus avancés, peut en effet se transmette par voies respiratoires, ce sont vraiment les puces des rats qui étaient le plus grand facteur…

Alors bref, pour en revenir au roi de rats, si on en trouvait un chez, vous étiez à risque de passer au bûcher, accusé de sorcellerie… Et c’est clair que c’était un mauvais présage.

Bien que la véracité de l’existence des rois de rats soit mise en doute, le nombre de témoignages, les spécimens trouvés ainsi que la diversité des découvertes indépendantes qui ont été faites me font penser qu’il y a au moins 50% des chances que ce phénomène ait été (et soit possiblement toujours) bien réel. C’est beaucoup plus que le pourcentage que j’estime acceptable pour ma santé mentale. Si vous voulez bien me donner une minute, je vais aller crier très fort dans mon oreiller en me roulant un peu.

Bon, une bonne affaire de faite.

Le roi de rats que vous avez peut-être daigné regarder auparavant est formé de 32 rats et est exposé dans un musée d’Altenburg, en Allemagne. Il n’y a presque plus de nouvelles découvertes. On pense que depuis que le rat brun a déplacé le rat noir (au 18e siècle), il est devenu presque impossible qu’un roi de rats se forme (seuls les rats noirs semblent se comporter de la façon «requise»). Malgré cela, la plupart des découvertes de roi de rats ont été faites après la grande peste noire. On en aurait trouvé un fait de 7 rats en 1963 et un autre en 2005. C’est probablement avec en mémoire les grandes pestes que la vue d’un roi de rats en a poussé plusieurs à ne pas trop aimer le phénomène. Personnellement, peste ou pas, je trouverais ça pas mal moyen comme rencontre.

7.4.09

Un joyeux bataillon grecque

Avouez que la frontière entre «homosexuel» et «vraiment viril» est souvent bien mince… Gars de sports, casses-cous, joueurs de football… Ils se donnent des petits surnoms genre «Poupou» et se tapent sur les fesses allégrement sous la douche. Je crois qu’ils nous cachent certaines de leurs activités.

«Faque j’tais a’ec Paquette pis Slo-Mo din trails pis là, on tombe face à face avec Poupou. Y’étais a’ec Duquette pis Mené. On s’est battus dans bouette… Après ça on est allé chez nous pour mon club de lecture, j’ai présenté Tristan et Iseult au groupe…»

Ouf, tout ça me donne des flashbacks de Saint-Herpès de Clifford de Beauce (si on exclut la dernière phrase). Mais bref, j’espère que vous voyez ce que je veux dire.

Un sentiment d’ambiguïté devrait vous envahir… maintenant!

J’aurais bien pu mettre une photo de Village People pour avoir un effet similaire. Oui, une ligne mince entre «gai» et «viril» ou «puissant»… La minceur et le flou de cette frontière ont été tout à fait compris par Gorgidas, le commandant de guerre Thébain qui a créé «le bataillon sacré de Thèbes» en 378 avant Jici (JC, Jésus Christ).

Thèbes était la cité principale en Béotie, une région/empire au centre de la Grèce. À l’image de Rome (un empire sous l’égide d’une ville) et de Carthage (un autre empire sous l’égide d’une ville), Thèbes était un empire de type «cité-état». C’était la troisième ville grecque d’importance après Athènes et Sparte, deux autres cités-états que l’on connaît généralement mieux. Il faut comprendre que bien que toutes ces villes soient Grecques, ces cités-états se faisaient la guerre. Spartiates contre Argos, les Athéniens contre les Spartiates, les Spartiates contre les Thébains et les Corinthiens… Ah… Si vous avez l’étrange impression de connaître les Corinthiens, c’est qu’ils sont les malheureux qui ont reçu des centaines de lettres du fatiguant de Saint-Paul (voir Bible) qui voulait absolument leur dire quoi faire et ne pas faire. Comme s’est demandé l’humoriste Eddie Izzard: Saint-Paul les adressait comment ses lettres aux Corinthiens? «Aux Corinthiens, Corinthe»??? Qui est-ce qui ouvrait les lettres… Dans un autre ordre d’idées, il reste quelques cités-états dans le monde moderne, on pense à Singapour, Monaco et au Vatican. La grosse différence est que le territoire contrôlé par ces cités-états est minime et se limite au territoire de la municipalité…

Gag 100% volé à Eddie Izzard.

Les Spartiates ont dominé les autres cités-états pendant quelques siècles avec des guerres individuelles. C’est un peuple fascinant qui est l’objet de l’affection d’énormément de «fans» de l’Histoire de la Grèce antique. Au 4e siècle par contre, les autres cités-états commencent à en avoir et assez et s’allient. Rapidement, les Spartiates se retrouvent en guerre contre l’alliance Athènes-Thèbes-Argos-Corinthe-(Perse). Les Spartiates avaient la mauvaise habitude d’envahir Thèbes et la Béotie, mais au moment où Gorgidas, le commandant Thébain, crée le bataillon sacré, le vent a tourné en faveur des Thébains à la suite d’une rébellion à l’intérieur de la ville…

L’idée derrière ce bataillon vient d’un livre écrit par Platon dans lequel il émet l’idée qu’une armée devrait être composée d’amants et d’amoureux qui ainsi ne pourraient pas abandonner leurs compagnons d’armes et combattraient férocement. L’histoire ne dit pas trop si Platon avait en tête un idéal, une sorte d’armée d’hommes et de femmes… Mais Gorgidas prend le message au pied de la lettre. Comme il n’y a pas de femmes dans l’armée, on doit se contenter d’homosexuels. Ainsi est né le très gai bataillon sacré de Thèbes en 378 avant Jici.

À la manière grecque, les couples étaient toujours composés d’un homme un peu plus âgé et de son petit jeune. Le bataillon sacré était un régiment de 300 hommes et il devint rapidement une force élite qui fit en grande partie responsable du pouvoir de Thèbes à l’époque.

Notez que ce groupe de 300 Thébains homosexuels n’a rien à voir avec les 300 Spartiates du film «300». Les différences entre gais et virils devraient être évidentes.

Manifestement pas la même chose.

Le bataillon sacré joue un rôle clé dans plusieurs combats, entre autres contre les Spartiates à la bataille de Tégyres. Lors de cette bataille, les 300 Thébains gais font face à près de 2000 Spartiates et remportent la victoire. C’est comme le scénario inverse du film 300 où 300 Spartiates font face à des milliers de Perses et gagnent. Dans le film, ils font face à des MILLIONS de Perses… Too bad qu’à cette époque, la population de la Terre entière était d’à peine quelques centaines de millions, et que par conséquent l’armée de Xerxès le Perse devait alors représenter un pourcentage significatif de la population mondiale totale!?!

Le bataillon sacré participe aussi à la victoire thébaine contre les Spartiates lors de la bataille de Leuctres, une des batailles les plus importantes de la Grèce antique qui contribue grandement à réduire l’influence de Sparte.

Ce n’est que 40 ans après sa création que le bataillon verra sa dernière bataille, en 338 avant Jici. Le Macédonien (Macédoine, une autre région Grecque) Philippe II a été un otage à Thèbes et a appris les tactiques de guerre des Thébains. Philippe II est le père du très connu (et aussi très gai) Alexandre le Grand. Philippe II réussit à unir presque toutes les cités-états grecques et c’est son fils Alexandre qui fera d’immenses conquêtes au nom de la Grèce. L’empire grecque, pendant un temps, s’étendra jusqu’en Égypte et en Inde…

Lorsque libéré, Philippe II rejoint son fils et ses Macédoniens et plus tard ils se retrouvent en conflit avec Thèbes au début de l’unification grecque. Ils utilisèrent les fameux soldats phalanges avec leurs longues lances pour contrer l’armée de Thèbes. Le résultat est dévastateur. Les Thébains sont déroutés, mais le bataillon sacré de Thèbes refuse d’abandonner et de bouger; ils défendent leur position et se font presque tous tuer. Seule une quarantaine sont pris vivants.

Respectueux de leur courage et de leur bravoure, les Thébains font ériger un monument à Chéronée, le lieu de la bataille et l’endroit où ces soldats du bataillon sacré sont tués et mis en terre. Philippe II, à la vue des corps agglutinés et comprenant de quel bataillon il s'agissait, est ému par le courage de ces soldats Thébains gais et ennemis et dit, en larmes: «Que périsse tout homme soupçonnant que ces soldats aient subi ou fait quelque chose de mal» (traduction libre et difficile).

Le lion de Chéronée à la mémoire du bataillon sacré.

Lorsque des archéologues creusent, ils trouvent 254 squelettes placés en 7 rangées, ce qui vient corroborer l’Histoire écrite. Le lion a été perdu et restauré à plusieurs reprises, mais il existe toujours.

PS: J'ai écrit sur un des sujets qui n'a pas encore reçu de votes... HAHA. In your face. Continuez à voter en grand nombres...