Mais qu'est-ce?

Histoire histrionique est un blog avec lequel j’aborde diverses anecdotes historiques d’une façon… D’une certaine façon en tout cas. En général, les faits présentés devraient être véritables. En revanche, j'hésiterais à utiliser ce blog comme référence pour votre thèse.

25.2.09

Tycho Brahe: un nez, un nain et un élan

Le noble Tycho Brahe était un astronome danois vivant à cette époque où les hautes sphères ne prenaient pas le conseil «cache ton cou si tu veux pas poigner une grippe» à la légère. Non mais sérieusement, essayez de trouver une image de Tycho Brahe où l’on peut voir son cou…

C’est tu correct grand’m’man?

D’ailleurs, ma mère m’a acheté un col roulé à Noël pour protéger mon petit cou fragile. Est-ce qu’on est supposé étirer ça avant de le mettre? Parce que là, il me semble que c’est pas mal serré un col roulé. Faut croire que je n’ai pas trop d’expérience avec ça. Quand je l’ai enfilé l’autre jour, j’ai comme eu l’impression d’être en train de naître.

Ok, fermons la parenthèse…

Alors cette époque des cous gênés, c’était le 16e siècle (Tycho: 1546-1601). C’était une ère faste pour l’astronomie avec Copernic avant Tycho, et l’ami Johannes Kepler qui allait succéder à Tycho de façon brillante. Bien que Tycho ait travaillé fort pour réconcilier les différents modèles astronomiques existants à son époque, c’est surtout à cause de l’ampleur et de la grande précision de son catalogue d’astres analysés qu’on le félicite. C’est sur les données de Tycho Brahe que Kepler s’est basé pour créer sa théorie du mouvement des planètes, un avancement extrêmement important pour Newton qui allait suivre…

Répétons que Tycho Brahe était un noble, et précisons que son observatoire était un énorme palais appelé «l’Uraniborg» (toute résistance est futile, capitaine Picard). Le palais coûta 1% du budget danois à lui seul et aurait rendu René Angélil rouge de jalousie (est-ce que la jalousie c’est jaune, rouge ou vert?). Il fût détruit en 1601 lors d’un autre bon «move» de l’histoire de l’humanité.

L’Uraniborg. Pas dans l’image: les énormes jardins entourant le palais.

Ceci est bien beau, mais Tycho est aussi connu pour une autre raison tout à fait impertinente; son nez. Voyez-vous, ces années ne sont pas seulement reconnues pour l’intensité de leurs cols roulés, elles sont aussi reconnues pour l’intensité de l’orgueil des gens. Moi, il me semble qu’à 20 ans, si je n’avais pas été d’accord avec un autre étudiant de mon université sur un sujet quelconque, j’aurais, comme Tycho, décidé de régler le tout avec un duel de rapières, quitte à perdre la moitié de mon nez.

«- OUI, LE CHANGEMENT CLIMATIQUE EST DÛ AUX HUMAINS!
- NON, CE N’EST QU’UN CYCLE NATUREL!»

Après avoir perdu son nez, Tycho passa une commande Dieu sait où et reçut son nouveau nez artificiel. On ne sait pas trop de quoi il était fait. La croyance populaire parle du «nez en argent de Tycho Brahe», mais une analyse de son squelette faite au début du 20e siècle montra que le nez artificiel était maintenant taché de vert (une propriété du cuivre). C’était probablement un alliage de cuivre et de quelque chose d’autre… Certains spécialistes s’entendent pour dire qu’il avait plusieurs nez pour différentes occasions. Je peux l’imaginer devant son «rack à nez» avant de sortir le soir «Um… Est-ce que je mets mon nez dîner, mon nez théâtre, ou mon nez one night stand ce soir?». Les bons amis de Tycho ont témoigné du fait qu’il transportait toujours un petit pot rempli d’une espèce de pâte-colle pour recoller le nez en cas d’urgence. Quelle classe, il ne faudrait quand même pas que son nez tombe dans sa soupe en plein milieu d’un banquet à l’Uraniborg.

L’histoire de Tycho Brahe est parsemée d’anecdotes bizarres. Il avait apparemment à son service un nain clairvoyant nommé Jepp agissant comme bouffon *sous* la table à dîner pendant les banquets (était-il dans les vidéoclips de Men Without Hats?) et un élan alcoolique comme animal de compagnie (celui-ci aurait perdu la vie après avoir bu de l’alcool et tombé dans les escaliers (un élan dans les escaliers, what the… Mon cerveau vient tout juste de geler)).

Tycho Brahe attend ses invités. Cette image a été un effort considérable et j’en suis très fier. Épique.

Comme tout article du genre, il se termine par la mort du personnage principal. Encore une fois, il y a un flou ici. Pendant longtemps on croyait que Tycho Brahe était mort d’une vessie trop pleine (… wow). En effet, il aurait été trop poli pour se lever et aller pisser pendant un banquet; il se serait retenu et aurait attrapé une grosse infection urinaire mortelle. INFECTION URINAIRE MORTELLE… Son bon ami Johannes Kepler soutenait cette thèse. L’Histoire ne dit pas trop comment Kepler avait fait pour savoir que Tycho avait eu une grosse envie ce soir-là, mais bon… Finalement, Tycho Brahe serait mort d’un empoisonnement au mercure; l’analyse de ses tissus a révélé un niveau très élevé de cet élément. Certaines théories supportent l’idée que Tycho a été assassiné au mercure par tel ou tel astronome compétiteur (même Kepler), mais il y a de grandes chances que ce soit un empoisonnement dû à la présence de mercure dans ses médicaments. DU MERCURE DANS LES MÉDICAMENTS.

Moi en tout cas, j’aimerais bien avoir un ami astronome aimant les duels, ayant un faux nez, un nain bouffon clairvoyant et un élan alcoolique et vivant dans un gros palais. En connaissez-vous un?

PS: Votez à droite. Ça ne veut pas dire que je vais choisir un de ces sujets mais bon...

18.2.09

250e de la bataille des plaines d’Abraham

Ceci sera une courte chronique. Je dois aborder le sujet de la reconstitution de la bataille des plaines d’Abraham, car c’est assez rare que l’Histoire fasse la manchette. En gros, c’était un événement organisé par la Commission des champs de bataille (un organisme fédéral) et qui devait rassembler des centaines de figurants bénévoles qui se passionnent pour l’Histoire, font leurs propres costumes, et viennent de partout en Amérique du Nord. Ces gens se promènent souvent pour reconstituer diverses batailles. Ça n’allait pas être leur première.

Le but était de souligner le 250ème de la bataille des plaines d’Abraham. Vous n’avez sûrement pas besoin de vous faire dire que ce fût une bataille clé dans notre Histoire et qu’elle est venue mettre le clou dans le cercueil de la colonie française en Amérique du Nord. Le fait est qu’en 2009, une poignée d’imbéciles s’est vue offensée par l’événement. Je n’en reviens simplement pas. Quel espèce de peureux n’est pas capable de se regarder dans le miroir en se disant «les Français ont perdu une guerre au 18e siècle»? Quel espèce de parano croit que les anglophones aiment l’idée d’organiser cet événement parce que «ça frustre les souverainistes»?

Premièrement, nous ne sommes pas Français, d’ailleurs, nous ne serions pas NOUS si cet événement n’avait pas eu lieu (sérieusement, regardez les décors rose fluo et bleu pastel des shows de variétés Français et vous comprendrez (ha!)). Ensuite, à mon avis, la victoire des Anglais était inévitable, que ce soit en 1759 ou 40 ans plus tard. N’oubliez pas que la Nouvelle-France était pas mal moins bien organisée que la colonie anglaise et n’avait pas vraiment d’avenir. Aussi, Les Français auraient pu choisir de garder le Québec après leur défaite et ils ont choisi la Guadeloupe. Bref, c’est l’Histoire. Acceptez la, et même plus, sautez dedans et célébrez la! Ça serait vraiment ironique qu’un des imbéciles paranos ait un ancêtre décédé à la bataille en question. Je crois qu’il aimerait bien qu’on se souvienne de lui. Je ne fais vraiment pas confiance à quelqu’un qui se sent heurté par son Histoire.

Ceci étant dit, j’ai mes réserves. Le cœur du problème provient du fait qu’on a laissé un organisme fédéral s’occuper de tout. Mais sur ce point, le Québec partage la responsabilité. Je crois que l’événement aurait dû être accepté à bras ouvert par une panoplie d’organismes québécois et que ces derniers auraient dû s’imposer à fond. Ceci aurait démontré une certaine maturité, il me semble. Au lieu de cela, nous laissons la parole à une dizaine de frustrés incohérents et nous avons encore l’air attardés. Une autre fois, en dehors du Québec, les indépendantistes ont l’air de vouloir un état souverain pour les mauvaises raisons (rancunes ancestrales).

Bref, nous sommes tous perdants. Encore une fois, le «Je me souviens» se prend une mornifle sur le bord de la gueule. Nous avons probablement le plus beau «slogan» officiel au monde, et on s’amuse à cracher dessus comme des ignares.


PS : Vous remarquerez que j’ai ajouté un lien pour suivre mon blog, à droite. De plus, je devrais vous revenir rapidement avec un article plus traditionnel et moins «éditorial». Je songe aussi à ajouter une section «sondage» où vous pourrez choisir le sujet de ma prochaine chronique… Parfois j’hésite.

5.2.09

Canayen d'origine franco-québécoise française

Avouez que vous vous êtes tous déjà demandé «Mais diantre, qu’arriverait-il du Canadien de Montréal si le Québec devenait souverain!?». Ne vous êtes pas déjà sentis étranges lorsqu’un Français vous a abordé en vous disant «ah un Canadien!»?

L’an dernier, nous avons eu droit à la commission Bouchard-Taylor. Pour ceux qui auraient peut-être oublié de quoi on parle ici, rappelons que cette commission a été lancée dans la foulée de la publication de nouveaux règlements municipaux à Hérouxville, incluant des choses comme «Je ne lapiderai pas de gais ou de femmes adultérasses». Vous savez, au cas où un immigrant à foulard se déciderait à s’adonner à ces activités palpitantes.

Hérouxville

Bref, la commission Bouchard-Taylor avait comme but de s’autorassurer sur nos qualités de Québécois pures laines; «on est accueillant pis on est pas racisses!». À première vue, il semble que ce fut un échec lamentable, probablement parce que si on introduit un néo-nazi ignorant belliqueux dans la salle, il va «voler le show» aux 99 autres participants constructifs. Vive TQS. En vérité, je crois que la commission a été assez constructive, mais avouons qu’elle sombre déjà dans l’oubli et se retrouve dans la pile grandissante de «stunts exagérés médiatico-politiques en réponse à un pseudovent de panique créé par deux personnes».


Mais là n’est pas mon sujet (je divague encore). Ce qui m’a le plus marqué de cette commission, c’est l’espèce de débat sur l’appellation «Québécois d’origine canadienne-française». Je ne crois pas avoir rêvé le fait que des groupes de souverainistes se sont rapidement insurgés contre ce mot, en soulignant le fait que ça fait maintenant 50 ou 60 ans que nous nous considérons Québécois avant tout. Ils ne veulent absolument pas se voir grouper avec des Français, ou des Canadiens; ils se sauvent de tout ce qui est rouge et arbore une feuille d’érable.

Bon, premièrement, il faudrait souligner la situation délicate de la personne en charge de rédiger le rapport. Si on n’est pas racistes, il faut bien que le mot Québécois puisse inclure tout le monde. Donc lorsqu’on dit «Québécois», faut aussi inclure mon voisin Achmed Amabad-Landry.

De plus, et là on devrait commencer à comprendre pourquoi cette chronique se retrouve sur un blog à propos de l’histoire, il faudrait s’informer sur les origines et l’évolution du mot «Canada/Canadien».

En premier, c’est Jacques Cartier qui a entendu le mot «Canada» (voulant dire «petits villages» ou «groupe d’habitations») utilisé par les Iroquois et les Hurons dans la vallée du fleuve Saint-Laurent. Il a alors nommé toute cette région «Canada» et le fleuve Saint-Laurent «Rivière du Canada». Il est bien connu que les Français ont concentré leurs efforts sur l’exploration (fourrure) et les relations avec les Autochtones, leur procurant un territoire immense. Donc, bien qu’à l’origine, le mot «Canada» devait se limiter à la région du Saint-Laurent, les explorateurs ont étiré son utilisation jusqu’à ce que le Canada devienne pas mal huge.

Territoire de la Nouvelle-France (en blanc), et donc du «Canada», en 1750. Dommage que la population totale était égale à la population actuelle de Baie-Comeau. Beau planning les boys. Que voulez-vous, on servait juste à faire des chapeaux de fourrure et Voltaire surnommait le pays «quelques arpents de neige».

Mais le fait demeure; le Canada, c’était la Nouvelle-France. Vos ancêtres de la deuxième génération d’immigrants s’identifiaient probablement comme des Canadiens, et ce n’est pas étonnant que seulement deux siècles après cette époque, en 1944 lors du débarquement en Normandie, les habitants Français de Saint-Urbain-sur-Mer aient accueilli vos grands-pères en les appelant «Canadiens» (et en faisant de piètres imitations de leurs accents, sérieusement, il n’y a rien de plus pathétique qu’un Français n’ayant jamais quitté la France et tentant d’imiter un Québécois). Pour eux, vos grands-pères étaient probablement plus Canadiens que les Canadiens «britanniques», toujours loyaux à leur reine.

En 1763, après la victoire des Britanniques, le Canada fut séparé en Haut-Canada et Bas-Canada, les Britanniques commencèrent tranquillement à utiliser le mot Canadiens pour se désigner eux-mêmes.

Finalement, revenons aux Canadiens de Montréal. Lorsque l’équipe a été fondée il y a seulement 100 ans en 1909, l’objectif clair et avoué était de créer une équipe possédée et gérée par des francophones, dont les joueurs étaient tous francophones… Et ils ont choisi le nom Canadiens de Montréal parce que vos aïeux, c’était eux les vrais Canayens! Après tout, le Dominion of Canada n’existait que depuis à peine 40-50 ans (1867), et les anglophones étaient plus près de leurs origines britanniques que nous l’étions de nos origines françaises (c’est peut-être toujours le cas).

Donc si le Québec se sépare, le Canadien peut tout à fait garder son nom.

Donc, quand un Français vous demande si vous êtes «Canadien», ayez la patience de lui expliquer l’importance du mot «Québécois» pour vous AVANT de lui faire une descente du coude. Il n’était pas tant dans le champ que ça, mais il mérite probablement une descente du coude pour une autre raison anyway.

Une bonne méthode de résolution de conflits

Donc si vous êtes vraiment souverainistes, suivez un cours d’histoire et fermez-la quand on vous appelle « Québécois d’origine canadienne-française », parce que c’est la seule façon d’accepter les gens des autres origines dans notre nation et d’arrêter d’avoir l’air d’être racistes.

In… your… face!