Mais qu'est-ce?

Histoire histrionique est un blog avec lequel j’aborde diverses anecdotes historiques d’une façon… D’une certaine façon en tout cas. En général, les faits présentés devraient être véritables. En revanche, j'hésiterais à utiliser ce blog comme référence pour votre thèse.

5.10.09

Jeu controversé?

La petite compagnie américaine «Tripwire Interactive» a annoncé qu’elle allait mettre sur le marché un jeu de tir «à la première personne» (vu de la perspective du personnage, comme dans Doom) dont l’environnement est la Deuxième Guerre mondiale. Jusque-là, rien de très intéressant : pour les «gamers», les jeux basés sur la Deuxième Guerre mondiale sont presque rendus un running-gag tellement il y en a. (Call of Duty, Medal of Honour, Battlefield 1942, Company of Heroes, Day of Defeat, Hearts of Iron, etc etc etc.).

Jamais assez de nazis morts! JAMAIS!

Le gros bouleversement que créer «Red Orchestra 2 : Heroes of Stalingrad» de la compagnie Tripwire Interactive, c’est que c’est probablement la première fois où un jeu de tir à la première personne, où vous jouez le rôle d’un homme avec un fusil qui tire sur des gens, vous range du côté des Allemands. En effet, tous les jeux de tirs sur la Deuxième Guerre mondiale se passent du côté des alliés; on butte des boches quoi. C’est sûrement, en partie, une question liée au gros marché américain. Mais Tripwire Interactive se dit «ah pis let’s go avec les Allemands ».

En effet, ils n’ont pas poussé l’audace jusqu’à nous faire tirer sur des Américains, des Français ou des Britanniques. Je me disais qu’ils allaient peut-être au moins se permettre de trucider des Français, après tout, Tripwire est une compagnie américaine…

Je suis rapidement tombé sur des commentaires de gens qui s’insurgent contre le jeu Red Orchestra 2. «Jouer un nazi! QUELLE HORREUR! VOUS VOULEZ FAIRE UNE GÉNÉRATION DE NÉO-NAZIS!!!»… Ça me donne juste le goût de dire un gros «hey toi le gros cave, ta yeule !».

Je ne dis pas… Si le jeu s’était appelé «Adolf Hitler : The Game» ou bien «SS Waffen Hero ; let’s kill some jews», là, j’aurais peut-être compris l’indignation. Mais dans le cas présent, on joue un «sans histoire» dans la Wermarcht, l’armée de terre Allemande. Un conscrit, probablement. On se fou vraiment le doigt dans l’œil si on ne sépare pas au moins un peu le nazisme de l’Allemagne.

Pierre Foglia a récemment écrit un article fort intéressant sur Berlin, ville qu’il a visitée (merci Yvon). Il parle dans cet article du «spectaculaire masochisme» de Berlin. Il y aurait multiplication des monuments commémoratifs des événements de 39-45. C’est un «guilt-trip» permanent, on doit se sentir coupable, 24 heures sur 24. On doit se souvenir, j’en conviens, mais sa conclusion est tellement vraie : on est *tous* coupables de la Deuxième Guerre mondiale. Et les Allemands n'ont pas le droit de dire ça.

Ce qui fait peur lorsqu’on regarde les images intenses de tout ce qui s’est passé, ce ne sont pas les nazis : c’est nous-mêmes. C’est nous-mêmes qu’on voit. On a peur du fait qu’apparemment, les humains soient capables de ça.

J’ai lu une grosse brique des années 50 sur cette guerre mondiale. L’auteur était un journaliste américain basé en Allemagne dans les années 30. Sa conclusion est que tout ça est arrivé parce que les Allemands étaient un peuple «carré», soumis, qui aimait écouter des ordres. Ne pensez-vous donc pas que cette conclusion est arriérée? J’appellerais ça raciste, personnellement. Déjà, on avait tellement peur de penser que n’importe quelle personne aurait pu se retrouver prise dans l’engrenage du nazisme, qu’il fallait se faire croire que les Allemands étaient apparemment génétiquement prédisposés à faire ce qu’ils ont fait.

Non, nous sommes tous coupables de ça. Et dans cette perspective-là, s’enrager à l’idée de jouer à la guerre dans la peau d’un conscrit Allemand se battant pour son pays, c’est hypocrite sans bon sens. Certains critiques disent que tout le monde savait et personne ne faisait quoi que ce soit. Ils se font croire que eux, personnellement, ils auraient fait quelque chose. Tellement trop facile à dire.

En plus…

Nous autres, dans nos belles démocraties, on ne va peut-être pas dans d’autres pays pour gazer du monde ou leur loger des balles dans le crâne… Mais… On choisit délibérément, tous les jours, de complètement ignorer des millions de personnes qui meurent de causes complètement absurdes. Vous et moi, on pourrait aider en achetant un billet d’avion demain et en donnant du temps et de l’argent. Mais non… On se sent tellement «impuissant et minuscule face à cette immense et horrible vérité». Il me semble que j’ai déjà entendu ça quelque part…

Je me demande comment l’Histoire va nous juger, nous, en l’an 2500.

15.9.09

C'est gluant

Le 15 janvier 1919, les soldats américains de retour de la Première guerre mondiale depuis à peine un ou deux mois et habitant la ville de Boston ont dû sursauter plus que les autres lorsqu’une énorme explosion a secoué la ville. Pris de peur, ils se sont peut-être jetés par terre et auront peut-être cherché, par la suite, la source de la déflagration. Ceux qui auront abandonné leur enquête apprendront, le lendemain, dans le journal…

Le nombre final officiel de morts : 21 (plus quelques chevaux).

Ce jour sera dorénavant connu comme étant le «Grand massacre à la mélasse de Boston». Les guides touristiques ont même inventé le fabuleux terme «Boston molassacre». Sérieusement, une «tinque» géante de 50 pieds de haut remplie de mélasse s’est éventrée et a déversé 8-9 millions de litres de mélasse dans les rues d’un quartier du nord du centre-ville de Boston ; une vague de mélasse de plus de 10 pieds dans le front, ça surprend.

Un témoin a décrit la scène; de la mélasse chaude avec des bulles, jusqu’à la taille, déferlant partout, des formes humaines gluantes essayant de se relever. Palpitant!

Flouche-te-flouche-te-flouche

J’imagine mal les derniers moments d’une victime. C’est comme être pris dans un sable mouvant gluant, comme un mauvais rêve où on n’est pas capable de courir parce qu’on est comme trop lourd ou paralysé. Un peu comme écouter les nouvelles à TVA finalement.

ARRRGH.

La mélasse était vraiment importante à l’époque. C’était l’édulcorant par excellence. Elle servait à tout, qu’on parle d’alcool (fermentation) ou de munitions. Faut avouer qu’aujourd’hui, à part votre grand-père qui trempe ses tranches de Gadoua pas de croûte dans la mélasse, y’a pas grand monde qui se garde de ce stuff gluant dans la pantry. Faudrait que je m’en rachète, juste pour le trip.

Ce genre de tragédie gastronomique n’est pas unique. Un peu plus d’un siècle auparavant, une inondation de bière a tué 9 personnes à Londres… Dont une est morte à cause d’un coma éthylique…

31.8.09

Surprise dans les alpes

Je tente à présent de diminuer de beaucoup la taille de mes chroniques. Ceci est le premier article qui souffrira ou bénéficiera (on verra) de ce traitement. Après tout, je m’étais donné comme mission de soulever une anecdote historique de façon un peu humoristique, et non pas de revomir toute l’histoire au complet; des centaines de textes à portée de clique peuvent le faire à ma place… En espérant que vous prendrez le temps si le sujet vous intéresse…

Jeu de rôle: c’est l’automne ou l’hiver en l’an 218 avant mon ami Jici (J.-C.), vous êtes un paysan romain vivant au nord de ce qui est aujourd’hui l’Italie, il neige un peu, il y a un brouillard froid caressant un fabuleux col dans les Alpes… Beau paysage. Qu'est-ce que vous pouvez vous attendre à voir arriver par le col vers votre vallée?

QUOI?!

Si vous avez répondu «une armée ennemie venant de traverser les ALPES avec des ÉLÉPHANTS de guerre AFRICAINS», et bien vous devez avouer que vous êtes mauvais acteur parce que vous avez vraiment mal joué votre rôle de paysan Romain. Vous ne pouvez pas vous attendre à voir des éléphants… Premièrement parce que vous ne savez peut-être même pas ce que c’est ou vous en avez entendu parler un peu de la même manière dont nous parlons des extra-terrestres aujourd’hui, et, deuxièmement, les mots ÉLÉPHANTS AFRICANS et ALPES ne devraient pas se trouver dans la même phrase.

C’est pourtant ce que Hannibal Barca (souvent simplement nommé «Hannibal») a décidé de faire. Hannibal était un politicien/général de Carthage. Carthage était une puissante Cité-État (un peu comme Rome) du nord de l’Afrique. Elle se trouve maintenant en Tunisie… Se trouve maintenant en Tunisie… Parce qu’avant elle se trouvait en où au juste? En Russie? Bravo Simon. Apparemment que la Tunisie, ça vaut la peine d’être visité. J’irais bien voir Carthage moi… Demain si possible.

Bon je viens d’aller voir sur Expedia et j’allais faire une blague sur l’impossibilité de mon plan, mais finalement il y a un vol demain pour Tunis avec escale à Casablanca au Maroc, aller-retour 1400$. Faque c’est ça. À+ la gang.

Bon bon bon, OK je vais essayer de finir ça au plus vite là…

Disons que l’époque où tout ça se déroulait était assez tendue dans la méditerranée parce que Rome était en train de répandre son hégémonie à grands coups de bâtons piquants. Carthage était une puissance similaire à Rome, et elle ne prenait pas ça trop bien. Hannibal était parti attaquer les possessions romaines avec cet historique là en tête. C’était la Deuxième Guerre punique dont il est pratiquement l’instigateur. Sa route fut fructueuse et il est l’un des pères fondateurs des stratégies de guerre. Un des stratèges les plus reconnus avec le Chinois Sun Tze et son «Art de la Guerre».

Le siège d’Hannibal sur Rome dura presque 10 ans, mais il dut se rendre à l’évidence et retourner chez lui… Les Romains le suivirent et gagnèrent une bataille importante en Afrique du Nord contre lui. Cette défaite vint vraiment réduire Carthage à une de ces entités importantes dans l’Histoire dont on se souvient peu aujourd’hui…

Ce qui est le plus intéressant pour moi dans cette histoire, c’est le genre de manque de communication qu’il y avait entre les armées et les gouvernements à cette époque. On s’entend qu’il n’y avait pas de radio satellite pour parler en direct avec ces généraux et pas d’avions-espions pour voir le mouvement des troupes alliées et ennemies. Hannibal avait une telle vendetta contre Rome qu’avec les années «sur la route» avec ses hommes, il en vint un peu à se détacher de Carthage elle-même. Je crois même qu’à un moment donné, les officiels Carthaginois devaient avoir un peu mis cette guerre au rancard et que Hannibal apparaissait de moins en moins à l’ordre du jour.

Exagération = bon gag. En plus, je doute qu’ils étaient blancs comme ça…

Dites, je devrais amener une petite laine ou un coupe-vent en Tunisie?

5.8.09

Benedict change de chandail

Trois catégories de personnes semblent avoir entendu parler de Benedict Arnold : Les Américains, les Britanniques et… les Beaucerons avec leur fameux «Auberge Benedict Arnold».

Le plus intéressant dans tout ça est que les membres de la dernière catégorie semblent surpris d’apprendre que Benedict Arnold est un nom très connu aux USA. Je ne sais pas trop comment on fait pour passer devant une grosse pancarte arborant la face de Benedict Arnold à tous les jours pendant toute sa vie et pas se demander qui ça peut bien être.

«Sûrement huste un aut’ cave en ch’fal qu’on s’en sac’» - Steeve Veilleux de Saint-Georges.

Considérant que les Beaucerons sont probablement les plus américains des Québécois, l’Histoire de Benedict Arnold se marrie vraiment bien à leur propre Histoire… Benedict et les jarrets noirs se sont rencontrés à un moment important.

Les Américains ont des cours d’Histoire beaucoup plus poussés que nous. Mais comme dans tout, leurs connaissances sont extrêmement concentrées sur les USA… Donc oui, ils connaissent plus souvent bien l’Histoire que nous… la leur en tout cas…

Benedict Arnold (1741-1801) est un Américain du Connecticut qui a été général lors de la Révolution américaine (Guerre de l’Indépendance américaine). Les Américains, même s’ils ne se souviennent pas nécessairement des détails de la vie de Benedict Arnold, associent tous son nom à un mot : traître. Il n’est pas hors du commun de dire «T’es un maudit Benedict Arnold» lorsqu’on reçoit un couteau dans le dos à une partie de Risk (avertissement : Risk détruit les amitiés les plus solides). Moins commun à une game de Scrabble mais bon.

Sauf que ça ne prend pas beaucoup de temps pour comprendre qu’encore une fois, c’est un peu «grossi» cette histoire de trahison de la part de Ben. Sérieusement, on peut juste en prendre une certaine quantité avant de péter sa coche. Moi j’ai le goût de fesser dans le mur si je me pète le petit orteil sur le coin du frigo en me penchant pour ramasser un verre que je viens juste d’échapper en faisant la vaisselle; à la place de Benedict Arnold, j’aurais peut-être pompé bien avant.

À son jeune âge, il a tenté de rentrer dans l’armée et, bien qu’elle ne se soit pas tassée pour lui présenter le mur, c’est sa mère qui a refusé de lui donner la permission. Il voulait se battre contre la Nouvelle-France et conquérir le continent, mais il n’avait que 14 ans. Il finit par faire partie d’une milice à 16 ans, mais la guerre se termine assez vite (1759, conquête de Québec, et tout ce qui en découle) et il n’a pas le temps de faire grand-chose. Même sur cette jeune époque, on lui cherche des bibittes en disant qu’il aurait déserté en apprenant la mauvaise tournure d’une bataille, mais les histoires sont très floues. Dans le pire des cas, c’est son unité complète qui aurait rebroussé chemin, et non pas lui personnellement…

Avec un calme militaire relatif dans les années 1760s , Ben se concentre sur la business et fait du gros cash, mais quand le chiar (chior?) reprend pour l’indépendance américaine (milieu 1770s), il se lance et progresse rapidement dans les rangs à cause de stratagèmes de batailles forts appréciés, dont une des premières victoires importantes des patriotes américains sur les troupes loyalistes britanniques : la prise du Fort Ticonderoga et d’autres forts sur la frontière entre le Québec et les USA dans le coin du lac Champlain…

Et c’est là que les orteils sur les coins de frigos commencent pour Benedict Arnold. On a plusieurs raisons de croire que par son succès, sa forte personnalité et ses arrivées rocambolesques, il vole un peu le stage des généraux patriotes en place. Avec les mois, certains d’entre eux se liguent tranquillement contre lui.

Le gars les aide à fond, mais il doit toujours se battre pour ne pas se faire voler le crédit de ses victoires.

Après avoir coupé les communications entre les troupes britanniques au sud et celles au Québec, le terrain était prêt pour une invasion du Québec. Et oui, si vous ne le saviez pas, le «Canada» (pas encore officiellement une confédération à l’époque) et les USA se sont fait la guerre de temps à autre. À cette date-ci par contre, au milieu de la guerre de l’Indépendance américaine, les attaques des patriotes contre le «Canada» le sont plus contre la présence britannique en Amérique du Nord en général. Je me suis déjà fait nargué d’être un sujet de la reine lorsque j’étais aux USA, et c’est la vérité après tout. Je peux juste leur dire qu’au Québec, au moins on essaye de s’en défaire de temps en temps, alors que dans le reste du Canada on est content d’être loyaliste apparemment. Après la victoire des patriotes, les Américains nous ont shippé tous leurs loyalistes. On est pris avec astheure que veux-tu.

Où en étais-je? Ah oui, l’invasion de Québec (1775). Et oui, Benedict reçoit le mandat de capturer Québec. Il passe par le Lac Mégantic et les swamps environnantes, emprunte le chemin de la rivière Chaudière en Beauce. Dans ses plans, il avait inscrit que les Abénaquis de la région et les Canadiens-Français allaient probablement accepter de se joindre à lui dans son attaque sur Québec. Il ne s’est pas trompé. En effet, beaucoup d’ancêtres des Beaucerons se sont joints aux Américains pour attaquer la ville ; la cible, bien sur, était l’Empire Britannique qui venait de conquérir la Nouvelle-France 15 ans auparavant. On parle de quelques centaines d’hommes. Ils se sont avérés être des renforts très importants parce qu’une grosse partie des soldats de la troupe américaine sont morts à cause d’un automne particulièrement froid, de la dysenterie, des cartes imprécises, de la bouette méganticoise, et des rapides dangereuses.

Le barrage Sartigan fut un obstacle particulièrement éprouvant.

À son arrivée à Québec, les Américains ne représentaient plus que 600 membres affamés de la troupe d’attaque ; il y avait donc maintenant un pourcentage significatif de jarrets nouères et d’Amérindiens dans l’armée de Ben. Même avec très peu de défenses, Québec n’a pas été prise; Benedict avait perdu beaucoup d’hommes, d’armes et particulièrement de cannons dans son expédition (maudite bouette Méganticoise). La réaction des autorités britanniques contre les Canadiens ayant collaboré avec Arnold fut modérée. On se contenta de travaux forcés pour 700-800 hommes. Ça a quand même calmé les ardeurs et l’opinion publique canadienne-française qui avait un certain enthousiasme envers la cause américaine.

Un Beauceron s’apprêtant à attaquer Québec.

Tout ça n’était que le début de la carrière militaire de Ben Arny. Il a été promu malgré la défaite à Québec à cause de sa capacité évidente à se rendre quelque part contre vents et marées. Il a aussi été le dernier à battre en retraite un peu plus tard lorsqu’il a quitté le Québec pour défendre le lac Champlain. Ses actions ont vraiment ralenti la contre-attaque des Britanniques.

Mais c’est là que s’arrêtent ses avancées. À plusieurs reprises, sa carrière a stagné malgré le fait que même George Washington reconnaissait la grande valeur de Benedict Arnold. Tout ça à cause de politicailleries et du fait qu’il était souvent dans d’intenses prises de bec avec les autres généraux quant aux stratégies à adopter sur le champ de bataille. La bataille lors de laquelle il s’est le plus distingué est probablement la fameuse bataille de Saratoga, qui a eu lieu à Saratoga (1777, état de New York) et qui est reconnue comme étant le tournant de cette guerre d’indépendance. C’est une bataille où il se chicana solide avec les autres généraux et où il a eu raison. Mais encore une fois, les promotions sont allées aux autres. Il voulut donner sa démission parce qu’il en avait ras le bol, mais George Washington la refusa, alertant les autres que s’ils continuaient ainsi, ils allaient perdre un bon général…

Le perdre? Il s’est tellement écoeuré qu’il a changé de bord et s’est joint aux Britanniques tout en tentant de saboter les patriotes américains en livrant des informations cruciales sur le mouvement des armées américaines et françaises (les Français ont aidé les Américains à gagner la guerre d’indépendance). Il s’est fait donné un bon rang par les Britanniques et a conduit quelques attaques dont la recapture de Richmond et du pillage-brûlage-de-maisons probablement bien senti en Virgine.

Il a publié une lettre ouverte «aux habitants des Amériques» dans un journal de New York pour se justifier. Dans cette lettre, il dit qu’au moment où les Britanniques ont acquiescé plusieurs de demandes des Américains, il a été surpris de voir la guerre continuer, et s’est retrouvé en profond désaccord avec le Congrès américain. Il condamne aussi l’alliance avec une France catholique faible «ennemie des protestants» qui parle de liberté (la Bastille s’en venait) mais qui n’agit pas.

Benedict a survécu à tout cela, malgré de nombreuses tentatives de capture presque réussies dont une faite par Washington lui-même. Il finit sa vie à Londres en 1801, à mi-chemin entre un général respecté et un businessman international, mais à tout jamais les Américains le connaîtront comme une grosse caricature de traître et les Beaucerons se diront «quissé ça».

22.7.09

Le kit du parfait prophète

C’est le 8ème siècle? Vous en avez assez de dormir dans la bouette et de vous faire botter au passage par des nobles? Vous avez faim? Vous voulez avoir une chance de sortir de la misère? J’ai la solution! Devenez prophète du dimanche! À l’achat du kit «Oui je peux être Jésus», vous obtiendrez toutes les instructions nécessaires.

Adalbert, un Franc ayant vécu au 8ème siècle, est un des «imposteurs» (selon l’Église) les plus connus de l’Histoire. Quand est venu le temps de se démarquer des autres prophètes amateurs, il avait déjà rassemblé les ingrédients gagnants :

1) Dire que des anges vous ont donné des pouvoirs et de puissantes reliques.
2) Dire aux gens qu’ils n’ont pas besoin de se confesser avec vous, parce que de toute façon vous pouvez lire leurs pensées, avez déjà vu leurs péchés, et les avez déjà pardonnés. C’est déjà plus vendeur que le catholicisme.
3) Évoquer des démons épouvantables en vous mettant dans un genre de transe.
4) Avoir en sa possession une lettre écrite par Jésus étant tombée du ciel à Jérusalem (la montrer semble optionnel).
5) Faire des miracles avec des gens choisis «aléatoirement» dans la foule; des miracles tellement forts que vos futurs accusateurs ne les questionnent même pas dans votre futur procès (ceux-ci diront que les miracles étaient dus aux forces du mal).
6) Devenir une grosse vedette et donner des cheveux et des bouts d’ongles à tout le monde pour faire des amulettes. Ceci devrait être une conséquence de vos miracles anyway.
7) Être assez hot pour soulever une masse importante de pauvres, même quelques archevêques, et ainsi pousser les hautes instances à crotter de peur dans leurs soutanes
8) Être tellement hot que vous pouvez prétendre être un égal des apôtres originaux sans *immédiatement* être brûlé sur un crucifix qui se fait écraser par une roche traînée par quatre chevaux dans les quatre directions cardinales.
9) Dire que la fin du monde s’en vient.

Il y avait beaucoup de gens qui tentaient de percer dans le domaine, mais Adalbert est l’un des rares qui semblent avoir inquiété les hautes instances. Saint-Boniface l’a pratiquement lui-même appréhendé et s’est fait rabrouer par une certaine aile plus «libérale» (haha) de l’Église. Mais un prophète du dimanche semble aussi avoir des talents de voleur, parce qu’Adalbert a réussi à se sauver de sa prison. Il fut excommunié l’année suivante. Peut-être que ceci fut l’apogée de sa carrière? Je suppose que tels les ados qui allaient voir Kiss ou Alice Cooper en 1978 contre le gré de leurs parents, il devait y avoir un public cible de rebelles pour ce cher Adalbert.

En 746, un comité de chrétiens se penche sur le dossier «Bert»; comme preuve contre celui-ci, on étudie une biographie qu’il suggère presque personnellement au jury. Ils décident qu’il est fou et lui donnent une chance. Il continue quand même à prêcher… On se tanne et on l’emprisonne à nouveau, cette fois pour de bon. Il meurt en prison en cette même année de 746. Trente ans plus tard, les ados branchés écoutaient encore ses tounes en fumant des clopes dans le sous-sol de leurs parents.

Sa présence a été marquante, assez pour que près de 150 ans après, Charlemagne le mentionne dans ses écrits. Il semble assez sarcastique quant à l’idée des lettres de Jésus tombant du ciel…

Dans un sens, l’Église a elle aussi à son actif des saints ayant apparemment fait des miracles. Mais ces miracles étaient toujours faits dans un encadrement chrétien, avec la grâce de Dieu… Les faux prophètes comme Adalbert, eux, faisaient des miracles par eux-mêmes avec des dons du ciel, et faisaient prier les gens dans des lieux hors de l’encadrement de l’Église. Ça ne dérangeait pas trop l’Église jusqu’à ce que le prophète cause presque un schisme et que le nombre de gens se rassemblant dans des lieux à l’abri des évêques devenait trop grand…

4.7.09

Top 10 des avancées de l'humanité

Que voulez-vous, j’écoute beaucoup de musique et je suis du genre à toujours faire des palmarès comme «top 10 chansons sorties en 1979», alors c’est normal que ça déteigne sur mon approche envers l’Histoire.

Mais tout ça est un exercice tellement futile. Je suis tombé dans un débat avec ma copine sur ce qu’est une avancée. Est-ce qu’il y a une différence entre une avancée et l’évolution inévitable? Par exemple, l’agriculture est arrivée par défaut; les gens ont découvert que les endroits où ils déféquaient regorgeaient de fertilité et que les graines non digérées se mettaient à germer… Ils ont observé que les graines d’une bonne plante avaient de bonnes chances de donner d’autres bonnes plantes. C’était comme… Inévitable. Est-ce que ça, c’est différent des frères Wright qui ont inventé l’avion? … C’était peut-être inévitable que ça arrive… J’essayais de focuser sur les inventions plus «ponctuelles» au début (un gars qui invente quelque chose), mais on ne peut pas prétendre que ces inventions ont eu plus d’impact. Bref, j’ai tout mis ce débat de côté et je fais un top 10 des AFFAIRES FRICKING AWESOME QUI SONT QUAND MÊME FULL IMPORTANTES, MAIS QU’ON PEUT PAS NÉCÉSSAIREMENT DIRE QUE C’EST LES PLUS IMPORTANTES MAIS ON POURRAIT DANS UN SENS TSÉ.

1) L’appropriation

«L’appropriation de la nature» est sûrement l’avancée la plus importante, celle qui a établi la civilisation humaine. Si vous vous demandez «mais où est l’agriculture!», et bien elle fait partie de cette grosse catégorie qu’on nomme «l’appropriation». C’est tout le procédé qui a fait comprendre à l’homme les principes de l’agriculture, la sélection des animaux et des plantes, la construction d’objets et de structures à partir des ressources naturelles. L’Homme s’est soudainement vu comme étant spécial, et les mythes et religions sont rapidement apparus comme par hasard.

J'ai trouvé la photo de forêt en tapant "CPRS" (ou en tout cas, j'aurais pu).

Le milieu naturel a vraiment guidé le processus de l’appropriation. Certaines zones du monde y étaient plus propices et c’est pourquoi les Européens étaient si «avancés» lorsqu’ils ont débarqué en Amérique. Si ce sujet vous intéresse, je vous conseille vivement le prix Pulitzer «Guns, Germs and Steel» de Jared Diamond. En français, ça s’appelle platement «De l’inégalité entre les sociétés». C’est un livre que les gens secrètement racistes devraient détester, parce qu’il explique que les races les plus avancées le sont à cause de la géographie et non à cause de leur cerveau… Un point de vue très déterministe, presque trop parfois.

2) Le libéralisme

À la fin de l’époque médiévale, pendant la Renaissance et le Siècle des lumières, est apparue l’idée que les sociétés devraient avoir comme but ultime d’offrir la pleine liberté individuelle et l’égalité à tous ses membres. On peut dire que ce fut une influence importante sur le monde occidental moderne. On peut aussi dire que le concept est parfois travesti pour justifier n’importe quelles conneries, mais bon, c’est une autre histoire. On peut toujours ben pas mettre les sweatshops sur le dos de Locke, Rousseau et Voltaire.

Ils désapprouvent.

3) L’optique et l’astronomie

Cette avancée a mis les peuples autrefois isolés en contact les uns avec les autres via la navigation par bateaux. La syphilis et la variole se sont occupées du reste. Tout ça a grandement changé la face du monde. Qui sait ce que seraient devenus les peuples de l’Amérique du Nord?

4) L’internet

Bon, là, pitchez-moi pas tout de suite des roches. Au début, je voulais mettre l’écriture, ensuite non, je me suis dit que la presse de Gutenberg c’était plus important, ah finalement la radio, mais plus tard le téléviseur… Laquelle de ces inventions de communication est la plus importante? Mais pensez-y sérieusement… L’internet… On a un média libre. Faut juste pas que ça change. Mais c’est une avancée extraordinaire. C’est de plus en plus difficile de passer quoi que ce soit sous silence. Si une bombe atomique tombe sur le Mont Royal, j’ai presque assez de temps pour l’apprendre sur Facebook pis me sauver avec mon Corolla. Pourvu qu’il ne soit pas 16h30 un vendredi soir.


Tout ça est tellement important. Avec la presse, il fallait quand même se rendre à la bibliothèque, ou aller à l’école. Avec le téléviseur, il fallait attendre qu’on nous parle du sujet qui nous intéressait. Et tout ça, c’était de la communication plus ou moins unilatérale. L’internet par contre donne la parole à plus en plus de gens, en même temps, dans un beau chaos qui va sûrement changer beaucoup de choses. C’est sûr que pour l’instant, y’a juste des vidéos de Rick Astley pis de la Pokemon porn, mais bon, attendez, vous allez voir…

5) Le tableau périodique des éléments

Ce tableau résume tellement bien la science moderne, même la physique, dans un sens. Il résume les travaux scientifiques de milliers de personnes. Il explique comment les atomes vont ensemble ou ne vont pas ensemble. C’est une base. Ceux qui n’ont pas pris de cours de chimie pensent peut-être que le tableau périodique des éléments est juste une liste d’éléments avec une forme bizarre et se demandent peut-être pourquoi pas juste les mettre un après l’autre dans un tableau carré en ordre alphabétique. Vous ne savez pas à quel point vous avez TORT. MAUVAISE RÉPONSE. Mais là, c’est un blog sur l’Histoire mon affaire. Allez voir ailleurs.

6) L’électricité? …

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Bon, tout ça, c’est vraiment n’importe quoi. J’arrête. Chao. Ma liste est vraiment occidentaliste en plus. Ça fait que bon, pour contrebalancer, je vais chialer un peu:

Les avancées surestimées!

1) La roue: Franchement, j’aurais pensé à ça tout seul pis je n’en aurais pas fait tout un plat. Y’a personne qui a écrit un livre sur moi quand j’ai pensé à mettre un papier en dessous du coin de ma table pour qu’elle arrête de shaker.

2) L’ampoule: Hey, on s’en sacre-tu un peu. Surtout que c’est l’autre là, le fou à Thomas Edison qui a «inventé» ça. C’était un bandit ce gars-là, il a breveté des dizaines de découvertes que d’autres avaient faites. Surtout des inventions du pauvre Nikola Tesla. Lui aussi il était fou, mais pour d’autres raisons… D’ailleurs, ça pourrait faire l’objet d’une chronique ça…

3 ) La potion magique de Panoramix : Je ne pense pas qu’elle était si hot que ça la potion de Panoramix. J’veux dire… ILS SONT OÙ LES GAULOIS AUJOURD’HUI HEIN!?



Dix chansons tops de 1979: The Logical Song (Supertramp), She’s Lost Control (Joy Division), Hey Hey My My (Neil Young), Cars (Gary Numan), Mind (Talking Heads), Spirits in the Material World (The Police), Tusk (Fleetwood Mac), The Guns of Brixton (The Clash), Goodbye Blue Sky (Pink Floyd), Don't Stop 'Til You Get Enough (Michael Jackson), Ice (Camel, les solos de guitare me font pas grand chose d'habitude mais là... à 4:44). Oui, je sais, c'est onze.

PS: Oui, le sondage est terminé... Je considère le résultat...

21.6.09

Les anges polonais

Savez-vous ce qu’est un hussard? Pour bien expliquer, il faudrait revoir tout l’historique militaire des unités de cavaleries, et là, disons que c’est hors de mon champ de compétences. Si je m’avance un peu… Les cavaleries ont été groupées en deux catégories, les lourdes et les légères.

Quand on pense à des combattants à cheval, on pense souvent aux chevaliers médiévaux. À cette époque, il y avait beaucoup de types d’unités de cavalerie lourde, et les cavaleries légères étaient généralement simples (moins d’armure, lances, chevaux plus rapides, mais moins robustes). Avec l’apparition de l’arme à feu, des canons et de la nécessité de communiquer des ordres pour gérer d’énormes batailles, la force brute de la cavalerie a perdu un peu de valeur tandis que la rapidité d’exécution des manœuvres d’encerclement est devenue primordiale. On s’imagine…

C’est quoi le rapport de «HU!» anyway?

Ainsi, la variété de cavaleries légères a dramatiquement augmenté au 15e siècle et a perduré jusqu’à la Première Guerre mondiale. Même que le cheval a joué un rôle logistique important pendant la Deuxième Guerre mondiale (transport de matériel), ce que je peu de gens semblent réaliser.

Les hussards sont des unités de cavalerie légère qui sont apparemment nées en Hongrie. Le mot «hussard» viendrait du hongrois pour «vingtième » (parce que chaque vingtième homme de l’armée était assigné à la cavalerie). J’ai aussi vu que c’était un mot hongrois provenant d’un mot serbe signifiant «pirate». Comme quoi l’Histoire est loin d’être une science exacte. Les hussards ont combattu de façons différentes selon l’époque. Ils avaient toujours au moins une arme de main, et plus tard souvent un fusil quelconque. Ils chargeaient habituellement avec une épée et se battaient ainsi en mêlée après la charge initiale; l’arme à feu était généralement utilisée à côté du cheval, lorsque la situation le permettait (très peu d’unités tiraient à dos de cheval!).

On associe beaucoup les hussards à l’époque des guerres de Napoléon. C’était une marque de prestige et de fierté de faire partie des hussards. Et ce, même si le taux de mortalité était beaucoup plus élevé dans la cavalerie que dans les fantassins. Personnellement, si on me donne le choix entre être pris en tapon dans un mur d’hommes à pied, ou être presque tout seul sur un piédestal (cheval) dans le milieu du champ de bataille avec une veste bleu flash, je pense que je me contenterais de la gloire du fantassin. À moins d’avoir la job du piccolo.


Il y a eu quelques unités de hussards *lourds*. Les hussards polonais sont l’exemple le plus connu. Ces unités étaient surtout présentes lors des débuts des hussards, lorsque l’arme à feu n’était pas encore omniprésente (parce qu’elle pétait dans la face de l’utilisateur et brûlait allègrement cette dernière une fois sur trois, en plus de prendre 5 minutes à recharger).

Et oui, toute cette longue introduction n’est là que pour présenter un fait divers: le hussard ailé polonais.


Hoooolyyyy shiiiiiit.

Non, cette image n’est pas tirée d’un livre intitulé «Gramulax et la quête de l’émeraude elfique»: elle provient bel et bien d’un livre d’histoire. Il y a eu, dans notre histoire, des cavaliers ailés. Je pense qu’il n’y en a même pas dans le Seigneur des Anneaux, c’est tout Deer (voix de Pierre Houde).

Les hussards polonais étaient l’élite de la cavalerie polonaise. Ils ont participé à de nombreuses victoires pendant le 16e et le 17e siècle, contre divers ennemis (Russes, Ottomans, Suédois, coudonc, tous les voisins finalement?), et parfois lorsqu’ils étaient fortement en désavantage numérique. Ils travaillaient fort dans les coins et s’en sortaient.

Ces unités sont devenues des unités de parades avec les années et la progression des armes à feu, mais au début, il y aurait en effet eu des batailles avec des cavaliers ailés. Certains s’entendent pour dire que ce n’était QUE pour les parades, apparemment que la résistance des ailes à l’air aurait arraché les cavaliers de leurs selles lorsque ceux-ci auraient tenté de charger… Pourtant, il existe une panoplie d’explications pour la présence de ces plumes montées sur des cadres de bois sur le champ de bataille. On veut tous trouver des raisons pour y croire, parce que c’est trop badass:

1) Les ailes faisaient un bruit qui rendait les chevaux sourds aux autres bruits qui auraient pu les affoler. Certains peuples avaient même des engins en bois faits spécialement dans le but de faire du bruit pour effrayer les chevaux… D’ailleurs…

2) Les ailes faisaient un bruit affolant pour les chevaux ennemis qui n’étaient pas entraînés pour ce genre de stress.

3) Les ailes rendaient difficile l’assaut par le lasso (allitération et assonance, +3 points, bravo Simon). Les Tatars de la Crimée étaient des maîtres du lasso (et oui, ils étaient un autre membre de la grande famille des peuples ayant une dent contre les Polonais. Quand c’est la seule que t’as dans la bouche, c’est qu’il s’agit d’une haine bien sentie. OH SNAP).

Finalement, les hussards polonais sont ceux qui ont vraiment maîtrisé la charge lourde et intense. Imaginez-vous, voir une cinquantaine de tels soldats vous foncer dessus pendant que vous recharger un fusil avec le maudit petit bâton inutile. Zing zing zing. J’espère que vous avez les nerfs solides pour accomplir la tâche, sinon c’est la baïonnette qui devra être solide! Mais encore une fois, lorsque le mousquet à canon lisse a été remplacé par des armes plus efficaces avec des technologies comme les pièces facilement changeables et surtout le rayage des canons, ce type de charge a perdu beaucoup d’efficacité.

Rayures de canon: des petites lignes dans les canons et voilà, on change le cours de l’Histoire.

Bon, ben j’ai trouvé mon déguisement d’Halloween. Peut-être que je vais le modifier pour combiner les ailes au suit du «squad man» nazi, pour un effet complètement WTF. I’m stylin’.

PS: Dernière semaine pour voter.