Mais qu'est-ce?

Histoire histrionique est un blog avec lequel j’aborde diverses anecdotes historiques d’une façon… D’une certaine façon en tout cas. En général, les faits présentés devraient être véritables. En revanche, j'hésiterais à utiliser ce blog comme référence pour votre thèse.

5.8.09

Benedict change de chandail

Trois catégories de personnes semblent avoir entendu parler de Benedict Arnold : Les Américains, les Britanniques et… les Beaucerons avec leur fameux «Auberge Benedict Arnold».

Le plus intéressant dans tout ça est que les membres de la dernière catégorie semblent surpris d’apprendre que Benedict Arnold est un nom très connu aux USA. Je ne sais pas trop comment on fait pour passer devant une grosse pancarte arborant la face de Benedict Arnold à tous les jours pendant toute sa vie et pas se demander qui ça peut bien être.

«Sûrement huste un aut’ cave en ch’fal qu’on s’en sac’» - Steeve Veilleux de Saint-Georges.

Considérant que les Beaucerons sont probablement les plus américains des Québécois, l’Histoire de Benedict Arnold se marrie vraiment bien à leur propre Histoire… Benedict et les jarrets noirs se sont rencontrés à un moment important.

Les Américains ont des cours d’Histoire beaucoup plus poussés que nous. Mais comme dans tout, leurs connaissances sont extrêmement concentrées sur les USA… Donc oui, ils connaissent plus souvent bien l’Histoire que nous… la leur en tout cas…

Benedict Arnold (1741-1801) est un Américain du Connecticut qui a été général lors de la Révolution américaine (Guerre de l’Indépendance américaine). Les Américains, même s’ils ne se souviennent pas nécessairement des détails de la vie de Benedict Arnold, associent tous son nom à un mot : traître. Il n’est pas hors du commun de dire «T’es un maudit Benedict Arnold» lorsqu’on reçoit un couteau dans le dos à une partie de Risk (avertissement : Risk détruit les amitiés les plus solides). Moins commun à une game de Scrabble mais bon.

Sauf que ça ne prend pas beaucoup de temps pour comprendre qu’encore une fois, c’est un peu «grossi» cette histoire de trahison de la part de Ben. Sérieusement, on peut juste en prendre une certaine quantité avant de péter sa coche. Moi j’ai le goût de fesser dans le mur si je me pète le petit orteil sur le coin du frigo en me penchant pour ramasser un verre que je viens juste d’échapper en faisant la vaisselle; à la place de Benedict Arnold, j’aurais peut-être pompé bien avant.

À son jeune âge, il a tenté de rentrer dans l’armée et, bien qu’elle ne se soit pas tassée pour lui présenter le mur, c’est sa mère qui a refusé de lui donner la permission. Il voulait se battre contre la Nouvelle-France et conquérir le continent, mais il n’avait que 14 ans. Il finit par faire partie d’une milice à 16 ans, mais la guerre se termine assez vite (1759, conquête de Québec, et tout ce qui en découle) et il n’a pas le temps de faire grand-chose. Même sur cette jeune époque, on lui cherche des bibittes en disant qu’il aurait déserté en apprenant la mauvaise tournure d’une bataille, mais les histoires sont très floues. Dans le pire des cas, c’est son unité complète qui aurait rebroussé chemin, et non pas lui personnellement…

Avec un calme militaire relatif dans les années 1760s , Ben se concentre sur la business et fait du gros cash, mais quand le chiar (chior?) reprend pour l’indépendance américaine (milieu 1770s), il se lance et progresse rapidement dans les rangs à cause de stratagèmes de batailles forts appréciés, dont une des premières victoires importantes des patriotes américains sur les troupes loyalistes britanniques : la prise du Fort Ticonderoga et d’autres forts sur la frontière entre le Québec et les USA dans le coin du lac Champlain…

Et c’est là que les orteils sur les coins de frigos commencent pour Benedict Arnold. On a plusieurs raisons de croire que par son succès, sa forte personnalité et ses arrivées rocambolesques, il vole un peu le stage des généraux patriotes en place. Avec les mois, certains d’entre eux se liguent tranquillement contre lui.

Le gars les aide à fond, mais il doit toujours se battre pour ne pas se faire voler le crédit de ses victoires.

Après avoir coupé les communications entre les troupes britanniques au sud et celles au Québec, le terrain était prêt pour une invasion du Québec. Et oui, si vous ne le saviez pas, le «Canada» (pas encore officiellement une confédération à l’époque) et les USA se sont fait la guerre de temps à autre. À cette date-ci par contre, au milieu de la guerre de l’Indépendance américaine, les attaques des patriotes contre le «Canada» le sont plus contre la présence britannique en Amérique du Nord en général. Je me suis déjà fait nargué d’être un sujet de la reine lorsque j’étais aux USA, et c’est la vérité après tout. Je peux juste leur dire qu’au Québec, au moins on essaye de s’en défaire de temps en temps, alors que dans le reste du Canada on est content d’être loyaliste apparemment. Après la victoire des patriotes, les Américains nous ont shippé tous leurs loyalistes. On est pris avec astheure que veux-tu.

Où en étais-je? Ah oui, l’invasion de Québec (1775). Et oui, Benedict reçoit le mandat de capturer Québec. Il passe par le Lac Mégantic et les swamps environnantes, emprunte le chemin de la rivière Chaudière en Beauce. Dans ses plans, il avait inscrit que les Abénaquis de la région et les Canadiens-Français allaient probablement accepter de se joindre à lui dans son attaque sur Québec. Il ne s’est pas trompé. En effet, beaucoup d’ancêtres des Beaucerons se sont joints aux Américains pour attaquer la ville ; la cible, bien sur, était l’Empire Britannique qui venait de conquérir la Nouvelle-France 15 ans auparavant. On parle de quelques centaines d’hommes. Ils se sont avérés être des renforts très importants parce qu’une grosse partie des soldats de la troupe américaine sont morts à cause d’un automne particulièrement froid, de la dysenterie, des cartes imprécises, de la bouette méganticoise, et des rapides dangereuses.

Le barrage Sartigan fut un obstacle particulièrement éprouvant.

À son arrivée à Québec, les Américains ne représentaient plus que 600 membres affamés de la troupe d’attaque ; il y avait donc maintenant un pourcentage significatif de jarrets nouères et d’Amérindiens dans l’armée de Ben. Même avec très peu de défenses, Québec n’a pas été prise; Benedict avait perdu beaucoup d’hommes, d’armes et particulièrement de cannons dans son expédition (maudite bouette Méganticoise). La réaction des autorités britanniques contre les Canadiens ayant collaboré avec Arnold fut modérée. On se contenta de travaux forcés pour 700-800 hommes. Ça a quand même calmé les ardeurs et l’opinion publique canadienne-française qui avait un certain enthousiasme envers la cause américaine.

Un Beauceron s’apprêtant à attaquer Québec.

Tout ça n’était que le début de la carrière militaire de Ben Arny. Il a été promu malgré la défaite à Québec à cause de sa capacité évidente à se rendre quelque part contre vents et marées. Il a aussi été le dernier à battre en retraite un peu plus tard lorsqu’il a quitté le Québec pour défendre le lac Champlain. Ses actions ont vraiment ralenti la contre-attaque des Britanniques.

Mais c’est là que s’arrêtent ses avancées. À plusieurs reprises, sa carrière a stagné malgré le fait que même George Washington reconnaissait la grande valeur de Benedict Arnold. Tout ça à cause de politicailleries et du fait qu’il était souvent dans d’intenses prises de bec avec les autres généraux quant aux stratégies à adopter sur le champ de bataille. La bataille lors de laquelle il s’est le plus distingué est probablement la fameuse bataille de Saratoga, qui a eu lieu à Saratoga (1777, état de New York) et qui est reconnue comme étant le tournant de cette guerre d’indépendance. C’est une bataille où il se chicana solide avec les autres généraux et où il a eu raison. Mais encore une fois, les promotions sont allées aux autres. Il voulut donner sa démission parce qu’il en avait ras le bol, mais George Washington la refusa, alertant les autres que s’ils continuaient ainsi, ils allaient perdre un bon général…

Le perdre? Il s’est tellement écoeuré qu’il a changé de bord et s’est joint aux Britanniques tout en tentant de saboter les patriotes américains en livrant des informations cruciales sur le mouvement des armées américaines et françaises (les Français ont aidé les Américains à gagner la guerre d’indépendance). Il s’est fait donné un bon rang par les Britanniques et a conduit quelques attaques dont la recapture de Richmond et du pillage-brûlage-de-maisons probablement bien senti en Virgine.

Il a publié une lettre ouverte «aux habitants des Amériques» dans un journal de New York pour se justifier. Dans cette lettre, il dit qu’au moment où les Britanniques ont acquiescé plusieurs de demandes des Américains, il a été surpris de voir la guerre continuer, et s’est retrouvé en profond désaccord avec le Congrès américain. Il condamne aussi l’alliance avec une France catholique faible «ennemie des protestants» qui parle de liberté (la Bastille s’en venait) mais qui n’agit pas.

Benedict a survécu à tout cela, malgré de nombreuses tentatives de capture presque réussies dont une faite par Washington lui-même. Il finit sa vie à Londres en 1801, à mi-chemin entre un général respecté et un businessman international, mais à tout jamais les Américains le connaîtront comme une grosse caricature de traître et les Beaucerons se diront «quissé ça».

4 commentaires:

Yvon L a dit...

De toute évidence, tu travailles vraiment fort pour retracer toutes ces histoires. Chapeau monsieur Simon!

Anonyme a dit...

On sent, dans tes propos, ton amour presque indécent pour la Beauce, cette région que tu portes jalousement en toi avec autant de fierté que notre cage thoracique protège le coeur !

Mis à part l'ironie de mes dires, j'ai trouvé cette histoire fort intéressante, en particulier au moment de la photo du barrage Sartigan ;o)

Savais-tu que l'Auberge Benedict Arnold n'existe plus ? Ce sera une école de langues, je crois.

Bref, Benedict tombera dans l'oubli de ces beaucerons qui ne le connaissaient déjà très peu. Finalement, il ne tombera donc pas de très haut !

Alain

Simon L a dit...

Alain, C'est une relation amour-haine je pense bien!

Pour ce qui est du Benedict Arnold, ouf, ça fait longtemps que je suis pas passé! ... C'est un peu triste. Ils auraient pu garder le nom de Benedict Arnold pour l'école de langues!

Putri Adiratnaa a dit...

Opportunité de prêt offerte par M. Benjamin qui sauve ma famille de la servitude financière {lfdsloans@lemeridianfds.com}

Bonjour à tous, je suis la mère célibataire de Putri Adiratnaa de Jakarta, je voudrais partager ce grand témoignage sur la façon dont j'ai obtenu un prêt de M. Benjamin, lorsque nous avons été chassés de notre maison alors que je ne pouvais plus payer mes factures, après se faire arnaquer par diverses sociétés en ligne et refuser un prêt de ma banque et d'une autre caisse populaire que j'ai visitée. Mes enfants ont été pris en famille d'accueil, j'étais tout seul dans la rue. Le jour où j'ai honteusement rencontré un camarade de classe qui m'a présenté Daisy Maureen. Au début, je lui ai dit que je ne suis plus prête à prendre le risque de demander un prêt en ligne, mais elle m'a assuré que je recevrais mon prêt de leur part. Dans un second temps, en raison de mon sans-abrisme, j'ai dû faire un essai et demandé le prêt, heureusement pour moi, j'ai reçu un prêt de 80 000 $ de M. Benjamin. Je suis heureux d'avoir pris le risque et demandé le prêt. Mes enfants m'ont été rendus et maintenant je possède une maison et une entreprise à moi. Tous mes remerciements et ma gratitude vont au service de financement Le_Meridian et à l'aide de M. Benjamin pour m'avoir donné un sens à la vie alors que j'avais perdu tout espoir. Si vous recherchez actuellement une assistance de prêt, vous pouvez les contacter via: {lfdsloans@lemeridianfds.com} ou WhatsApp + 1-989-394-3740