Mais qu'est-ce?

Histoire histrionique est un blog avec lequel j’aborde diverses anecdotes historiques d’une façon… D’une certaine façon en tout cas. En général, les faits présentés devraient être véritables. En revanche, j'hésiterais à utiliser ce blog comme référence pour votre thèse.

5.2.09

Canayen d'origine franco-québécoise française

Avouez que vous vous êtes tous déjà demandé «Mais diantre, qu’arriverait-il du Canadien de Montréal si le Québec devenait souverain!?». Ne vous êtes pas déjà sentis étranges lorsqu’un Français vous a abordé en vous disant «ah un Canadien!»?

L’an dernier, nous avons eu droit à la commission Bouchard-Taylor. Pour ceux qui auraient peut-être oublié de quoi on parle ici, rappelons que cette commission a été lancée dans la foulée de la publication de nouveaux règlements municipaux à Hérouxville, incluant des choses comme «Je ne lapiderai pas de gais ou de femmes adultérasses». Vous savez, au cas où un immigrant à foulard se déciderait à s’adonner à ces activités palpitantes.

Hérouxville

Bref, la commission Bouchard-Taylor avait comme but de s’autorassurer sur nos qualités de Québécois pures laines; «on est accueillant pis on est pas racisses!». À première vue, il semble que ce fut un échec lamentable, probablement parce que si on introduit un néo-nazi ignorant belliqueux dans la salle, il va «voler le show» aux 99 autres participants constructifs. Vive TQS. En vérité, je crois que la commission a été assez constructive, mais avouons qu’elle sombre déjà dans l’oubli et se retrouve dans la pile grandissante de «stunts exagérés médiatico-politiques en réponse à un pseudovent de panique créé par deux personnes».


Mais là n’est pas mon sujet (je divague encore). Ce qui m’a le plus marqué de cette commission, c’est l’espèce de débat sur l’appellation «Québécois d’origine canadienne-française». Je ne crois pas avoir rêvé le fait que des groupes de souverainistes se sont rapidement insurgés contre ce mot, en soulignant le fait que ça fait maintenant 50 ou 60 ans que nous nous considérons Québécois avant tout. Ils ne veulent absolument pas se voir grouper avec des Français, ou des Canadiens; ils se sauvent de tout ce qui est rouge et arbore une feuille d’érable.

Bon, premièrement, il faudrait souligner la situation délicate de la personne en charge de rédiger le rapport. Si on n’est pas racistes, il faut bien que le mot Québécois puisse inclure tout le monde. Donc lorsqu’on dit «Québécois», faut aussi inclure mon voisin Achmed Amabad-Landry.

De plus, et là on devrait commencer à comprendre pourquoi cette chronique se retrouve sur un blog à propos de l’histoire, il faudrait s’informer sur les origines et l’évolution du mot «Canada/Canadien».

En premier, c’est Jacques Cartier qui a entendu le mot «Canada» (voulant dire «petits villages» ou «groupe d’habitations») utilisé par les Iroquois et les Hurons dans la vallée du fleuve Saint-Laurent. Il a alors nommé toute cette région «Canada» et le fleuve Saint-Laurent «Rivière du Canada». Il est bien connu que les Français ont concentré leurs efforts sur l’exploration (fourrure) et les relations avec les Autochtones, leur procurant un territoire immense. Donc, bien qu’à l’origine, le mot «Canada» devait se limiter à la région du Saint-Laurent, les explorateurs ont étiré son utilisation jusqu’à ce que le Canada devienne pas mal huge.

Territoire de la Nouvelle-France (en blanc), et donc du «Canada», en 1750. Dommage que la population totale était égale à la population actuelle de Baie-Comeau. Beau planning les boys. Que voulez-vous, on servait juste à faire des chapeaux de fourrure et Voltaire surnommait le pays «quelques arpents de neige».

Mais le fait demeure; le Canada, c’était la Nouvelle-France. Vos ancêtres de la deuxième génération d’immigrants s’identifiaient probablement comme des Canadiens, et ce n’est pas étonnant que seulement deux siècles après cette époque, en 1944 lors du débarquement en Normandie, les habitants Français de Saint-Urbain-sur-Mer aient accueilli vos grands-pères en les appelant «Canadiens» (et en faisant de piètres imitations de leurs accents, sérieusement, il n’y a rien de plus pathétique qu’un Français n’ayant jamais quitté la France et tentant d’imiter un Québécois). Pour eux, vos grands-pères étaient probablement plus Canadiens que les Canadiens «britanniques», toujours loyaux à leur reine.

En 1763, après la victoire des Britanniques, le Canada fut séparé en Haut-Canada et Bas-Canada, les Britanniques commencèrent tranquillement à utiliser le mot Canadiens pour se désigner eux-mêmes.

Finalement, revenons aux Canadiens de Montréal. Lorsque l’équipe a été fondée il y a seulement 100 ans en 1909, l’objectif clair et avoué était de créer une équipe possédée et gérée par des francophones, dont les joueurs étaient tous francophones… Et ils ont choisi le nom Canadiens de Montréal parce que vos aïeux, c’était eux les vrais Canayens! Après tout, le Dominion of Canada n’existait que depuis à peine 40-50 ans (1867), et les anglophones étaient plus près de leurs origines britanniques que nous l’étions de nos origines françaises (c’est peut-être toujours le cas).

Donc si le Québec se sépare, le Canadien peut tout à fait garder son nom.

Donc, quand un Français vous demande si vous êtes «Canadien», ayez la patience de lui expliquer l’importance du mot «Québécois» pour vous AVANT de lui faire une descente du coude. Il n’était pas tant dans le champ que ça, mais il mérite probablement une descente du coude pour une autre raison anyway.

Une bonne méthode de résolution de conflits

Donc si vous êtes vraiment souverainistes, suivez un cours d’histoire et fermez-la quand on vous appelle « Québécois d’origine canadienne-française », parce que c’est la seule façon d’accepter les gens des autres origines dans notre nation et d’arrêter d’avoir l’air d’être racistes.

In… your… face!

1 commentaire:

Anonyme a dit...

Pour pouvoir se faire une opinion sur l'identité des Québécois, il faut connaître son histoire cachée depuis le début.

Il serait bon de lire:

"L'histoire de ma nation"

http://www.manuscritdepot.com/a.andre-lefebvre.1.htm

André Lefebvre